lundi, septembre 03, 2007
New life, New blog
Ce blog ne sera plus mis à jour dans les mois prochains car le projet qui le fondait a perdu son sens. Faraoui naissait de la campagne sur la Constitution européenne en France, de mon envie de militer dans le camps du OUI. Non pas parce que la Constitution était ma raison de vie, loin de là : je l'ai toujours trouvée pas assez fédéraliste. Mais parce que j'étais contre les arguments du NON qu'on pourrait résumer dans la critique aveugle du libéralisme. Aussi, j'ai toujours pensé que ces arguments n'auraient mené nulle part. Aujourd'hui tout semble confirmer mon analyse. D'un côté, aucune initiative politique n'a été prise par les nonistes pour construire les lendemains qui chantent. De l'autre, les chefs d'Etat et de gouvernement ont lancé leur Traité réformateur qui ressemble fort bien à une version encore plus allégée de ladite Constitution. L'objectif : cacher le plus possible le peu d'éléments fédéralistes qui y étaient.
Face à cette apathie institutionnelle, j'ai donc décidé depuis que cafebabel.com a lancé les babelblogs de me lancer dans une nouvelle aventure : celle du blog http://eurogeneration.cafebabel.com Objectif : interpréter cette nouvelle génération qui monte, fille d'Erasmus et de l'Euro, de la mobilité et de la curiositas. Merci donc à tous ceux qui ont participé à ce blog et à bientôt sur Eurogeneration !
Face à cette apathie institutionnelle, j'ai donc décidé depuis que cafebabel.com a lancé les babelblogs de me lancer dans une nouvelle aventure : celle du blog http://eurogeneration.cafebabel.com Objectif : interpréter cette nouvelle génération qui monte, fille d'Erasmus et de l'Euro, de la mobilité et de la curiositas. Merci donc à tous ceux qui ont participé à ce blog et à bientôt sur Eurogeneration !
vendredi, mars 23, 2007
Toto-candidati 2007
Le toto-candidats est une pratique assez courante en Italie : on joue à savoir qui peut être candidat pour quel poste. C'est une habitude assez courante dans notre bizarre pays, du moins depuis que tous les Papes, avant de le devenir, ont été "papabili" d'abord.
Mais, évidemment, nous ne faisons pas ça scientifiquement, avec des tableaux excel et avec une centralisation des paris tel que mon ami Grégoire Tardy vient de me le proposer... Je publie ici ma prévision.
Et vous, c'est quoi la vôtre ? n'hésites pas à commenter !
PREMIER TOUR
Laguillier Arlette (Lutte Ouvrière)
1,5%
Besancenot Olivier (Ligue Communiste Révolutionnaire)
3,0%
Buffet Marie-George (Parti Communiste Français)
2,0%
Schivardi Gérard (Parti des Travailleurs)
0,5%
Bové José (Une Alternative à Gauche)
3,2%
Voynet Dominique (Les Verts)
2,8%
Royal Ségolène (Parti Socialiste)
21,0%
Bayrou François (Union pour la Démocratie Française)
15,0%
Sarkozy Nicolas (Union pour un Mouvement Populaire)
33,0%
Nihous Frédéric (Chasse Pêche Nature et Traditions)
0,5%
De Villiers Philippe (Mouvement Pour la France)
1,5%
Le Pen Jean-Marie (Front National)
16,0%
TOTAL
100,0%
Taux d'abstention au 1er tour
24,0%
SECOND TOUR
Candidat 1
56,0%
Candidat 2
44,0%
TOTAL
100,0%
PRESIDENT
Nicolas Sarkozy
Mais, évidemment, nous ne faisons pas ça scientifiquement, avec des tableaux excel et avec une centralisation des paris tel que mon ami Grégoire Tardy vient de me le proposer... Je publie ici ma prévision.
Et vous, c'est quoi la vôtre ? n'hésites pas à commenter !
PREMIER TOUR
Laguillier Arlette (Lutte Ouvrière)
1,5%
Besancenot Olivier (Ligue Communiste Révolutionnaire)
3,0%
Buffet Marie-George (Parti Communiste Français)
2,0%
Schivardi Gérard (Parti des Travailleurs)
0,5%
Bové José (Une Alternative à Gauche)
3,2%
Voynet Dominique (Les Verts)
2,8%
Royal Ségolène (Parti Socialiste)
21,0%
Bayrou François (Union pour la Démocratie Française)
15,0%
Sarkozy Nicolas (Union pour un Mouvement Populaire)
33,0%
Nihous Frédéric (Chasse Pêche Nature et Traditions)
0,5%
De Villiers Philippe (Mouvement Pour la France)
1,5%
Le Pen Jean-Marie (Front National)
16,0%
TOTAL
100,0%
Taux d'abstention au 1er tour
24,0%
SECOND TOUR
Candidat 1
56,0%
Candidat 2
44,0%
TOTAL
100,0%
PRESIDENT
Nicolas Sarkozy
Libellés : présidentielle paris prévisions sarkozy
mercredi, mars 21, 2007
Affaire Battisti, un test d'européanité pour les candidats
Vu d'Italie, les réactions des tenors du monde politique français à l'affaire Battisti soulèvent l'indignation. Depuis qu'il y obtint l'asyle politique grâce à la « Doctrine Mitterand », cet ancien terroriste italien, condamné à perpétuité pour 4 meurtres dont deux exécutés personnellement, jouit en France d'une étrange sympathie. François Hollande, les Verts, l'extrême gauche et même le « très européen » François Bayrou ont déclaré, suite à son arrestation au Brésil, qu'il ne devait pas être extradé tant qu'il n'y ait l'assurance d'un « nouveau procès » en Italie. Leurs arguments : l'Italie n'a pas su faire les comptes avec son passé en jugeant Battisti en contumace. Certes, Ségolène Royal, candidate d'un PS champion de la cacophonie, a déclaré que l'affaire ne concernait plus que « le Brésil et l'Italie ». Mais la réalité est là. Qui plus est, selon le « Corriere della Sera », des hommes politiques français auraient aidé Cesare Battisti dans sa fuite au Brésil.
Or, l'Union syndicale de la magistrature a exprimé hier son « soutien à la justice italienne » en rappellant que dans la contumace italienne, « l'accusé en fuite est défendu à tous les stades de la procédure » et que la Cour européenne des droits de l'homme avait déjà validé cette procédure. Par ailleurs, dans sa note, l'USM précise qu'elle entend « réaffirmer le principe de la confiance mutuelle entre systèmes judiciaires européens fondé sur la capacité de tous les Etats-membres de l'Union de garantir un procès équitable ».
L'affaire Battisti apparaît donc comme un véritable test d'européanité pour les prétendants à l'Elysée. A la base de la doctrine Mitterand il y avait la thèse selon laquelle l'Italie n'aurait pas su faire les comptes avec son passé. Mais au nom de quoi les terroristes italiens devraient rester en liberté alors que les terroristes français – ceux d'Action Directe, par exemple – ont été arrêté et condamnés à perpétuité ? Comment peut-on arriver à donner des leçons de droit à un Etat qui a vécu une véritable guerre pendant les années de plomb et qui a su, malgré ça, rester un pays démocratique comme le prouve le rejet du recours de Battisti par la Cour européenne ? Comment peut-on se dire européen et tomber aussi facilement dans les pièges du gauchisme cocorico le plus arrière-gardiste ?
Heuresement que l'Etat français ait su assumer un vrai revirement dans cette affaire, avec la coopération qui a été assurée par le Ministère de l'Intérieur ! Et Nicolas Sarkozy de préciser : « à partir du moment où il y a un mandat d'arrêt, il est tout à fait normal que la police française collabore ».
Ce qui est triste dans cette affaire, c'est que cette position n'ait été défendue que par le candidat de l'UMP et par l'extrême droite, alors que la coopération judiciaire européenne devrait constituer l'un des pilliers de cette Europe qui, à 50 ans de sa fondation, a besoin d'un nouvel élan. Parler de Constitution et grands projets d'avenir n'a pas de sens lorsque l'on traîne les pieds dans les sujets les plus concrets. Comme la coopération judiciaire.
Or, l'Union syndicale de la magistrature a exprimé hier son « soutien à la justice italienne » en rappellant que dans la contumace italienne, « l'accusé en fuite est défendu à tous les stades de la procédure » et que la Cour européenne des droits de l'homme avait déjà validé cette procédure. Par ailleurs, dans sa note, l'USM précise qu'elle entend « réaffirmer le principe de la confiance mutuelle entre systèmes judiciaires européens fondé sur la capacité de tous les Etats-membres de l'Union de garantir un procès équitable ».
L'affaire Battisti apparaît donc comme un véritable test d'européanité pour les prétendants à l'Elysée. A la base de la doctrine Mitterand il y avait la thèse selon laquelle l'Italie n'aurait pas su faire les comptes avec son passé. Mais au nom de quoi les terroristes italiens devraient rester en liberté alors que les terroristes français – ceux d'Action Directe, par exemple – ont été arrêté et condamnés à perpétuité ? Comment peut-on arriver à donner des leçons de droit à un Etat qui a vécu une véritable guerre pendant les années de plomb et qui a su, malgré ça, rester un pays démocratique comme le prouve le rejet du recours de Battisti par la Cour européenne ? Comment peut-on se dire européen et tomber aussi facilement dans les pièges du gauchisme cocorico le plus arrière-gardiste ?
Heuresement que l'Etat français ait su assumer un vrai revirement dans cette affaire, avec la coopération qui a été assurée par le Ministère de l'Intérieur ! Et Nicolas Sarkozy de préciser : « à partir du moment où il y a un mandat d'arrêt, il est tout à fait normal que la police française collabore ».
Ce qui est triste dans cette affaire, c'est que cette position n'ait été défendue que par le candidat de l'UMP et par l'extrême droite, alors que la coopération judiciaire européenne devrait constituer l'un des pilliers de cette Europe qui, à 50 ans de sa fondation, a besoin d'un nouvel élan. Parler de Constitution et grands projets d'avenir n'a pas de sens lorsque l'on traîne les pieds dans les sujets les plus concrets. Comme la coopération judiciaire.
Libellés : Battisti, Cesare, Europe, terrorisme
mardi, mars 20, 2007
Affaire Battisti : Les magistrats français pour la "confiance entre systèmes judiciaires européens"
"L'Union syndicale de la magistrature tient à réaffirmer son entier soutien à la justice italienne et aux magistrats de ce pays qui ont chèrement payé, souvent de leur vie, le prix de leur indépendance", dit le syndicat dans un communiqué.
L'USM rappelle que dans la contumace italienne, l'accusé en fuite est "défendu à tous les stades de la procédure" par des avocats.
Selon L'Express, "la procédure menée en France sur Cesare Battisti a en effet montré que le fuyard, réfugié à Paris de 1990 à 2004 s'était non seulement fait représenter à ses procès mais qu'il se tenait informé du déroulement des audiences. L'USM rappelle aussi que la Cour européenne des droits de l'homme a validé la procédure de jugement italienne par contumace et rejeté le recours de Cesare Battisti".
Par ailleurs, dans sa note, l'USM précise qu'elle entend "réaffirmer le principe de la confiance mutuelle entre systèmes judiciaires européens fondé sur la capacité de tous les Etats-membres de l'Union de garantir un procès équitable".
Il faut saluer le courage de ces magistrats français qui, dans un climat médiatique dominé par la sympathie à l'égard de l'omicide Battisti, affirment haut et clair leur attachement à une Europe très concrète... en ces temps de célébrations très rhétoriques du Traité de Rome !
Lire aussi l'article de cafebabel.com sur l'Europe face à son passé terroriste
L'USM rappelle que dans la contumace italienne, l'accusé en fuite est "défendu à tous les stades de la procédure" par des avocats.
Selon L'Express, "la procédure menée en France sur Cesare Battisti a en effet montré que le fuyard, réfugié à Paris de 1990 à 2004 s'était non seulement fait représenter à ses procès mais qu'il se tenait informé du déroulement des audiences. L'USM rappelle aussi que la Cour européenne des droits de l'homme a validé la procédure de jugement italienne par contumace et rejeté le recours de Cesare Battisti".
Par ailleurs, dans sa note, l'USM précise qu'elle entend "réaffirmer le principe de la confiance mutuelle entre systèmes judiciaires européens fondé sur la capacité de tous les Etats-membres de l'Union de garantir un procès équitable".
Il faut saluer le courage de ces magistrats français qui, dans un climat médiatique dominé par la sympathie à l'égard de l'omicide Battisti, affirment haut et clair leur attachement à une Europe très concrète... en ces temps de célébrations très rhétoriques du Traité de Rome !
Lire aussi l'article de cafebabel.com sur l'Europe face à son passé terroriste
vendredi, mars 16, 2007
L'UE, une boule de neige qui a fondu en 50 ans
En ces temps de réchauffement climatique, évoquer l' « effet boule de neige » espéré par les pères fondateurs de l'Europe pourrait paraître anachronique. « Construisons une communauté économique, l'intégration politique suivra ! », disaient-ils. Et en effet, aujourd'hui, ce schéma s'est révélé être, telle qu'une idéologie, complètement faux.
Si on touche au politique...
La réalité est que depuis le début des années 90, les Européens ont arrêté de penser leur processus d'intégration. Elargissement, Monnaie unique, liberté de circulation : toutes ces avancées récentes ont en fait été lancées dans le siècle passé, quelque part entre Maastricht et Schengen.
Pourquoi alors le projet européen s'est-il arrêté de courir ? La raison est simple. Tant que le processus d'intégration restait confiné au niveau économique et qu'il était servi par une méthode essentiellement diplomatique, il était susceptible d'avancer (pourvu que nos leaders tombent d'accord, ce qui n'était pas toujours le cas à cause de quelque chaise vide, par exemple). Mais aujourd'hui que le Marché Unique des marchandises, l'Euro ou Schengen sont une réalité, il n'y a plus de grand projet purement économique à promouvoir.
D'abord, parfaire le Marché Unique voudrait dire toucher au social avec la création d'un (vrai) marché unique des services. Ensuite, normaliser l'Euro comporterait la création d'un (vrai) gouvernement économique, et qui dit « gouvernement » dit « politique ». Généraliser la liberté de circulation, enfin, aux nouveaux pays membres équivaudrait à se heurter à l'épouvantail – toujours existant ! - du plombier polonais. Pour ne pas parler de la création d'une diplomatie et d'une armée européennes... Dans tous les cas on toucherait au politique et, donc, à un terrain miné. La preuve : même lorsque l'on trouve, difficilement, un accord diplomatique (c'était le cas pour la fameuse Constitution), les peuples le rejettent.
Internet, démocratie et Erasmus
En définitive, donc, quand on restait dans les altitudes de l'économie et de la diplomatie, la boule de neige continuait à descendre et à grossir – bien poussée, quand même, par un Delors ou un Spinelli. Dès lors qu'on descend plus en aval, elle fond, victime du... réchauffement politique et social.
Certes, on pourra toujours faire semblant de rien, acheter des canons à neige et fabriquer des « mini-traités ». Ou même faire du ski indoor en faisant passer, par la force, une Constitution qui – ne l'oublions pas ! – ne fait pas, comme on a voulu le faire croire, le choix de l'Europe politique, mais elle se limite à en améliorer le fonctionnement. Le problème restera.
Mais ce qui fond, ce n'est que l'Europe des chancelleries. Pour que le projet européen puisse devenir politique, l'Europe doit changer de logiciel. Et se dire que – pour qu'on mette en commun non plus seulement le charbon, les marchandises ou les monnaies – il lui faut créer un véritable espace de débat au de là des frontières. Sur l'énergie et sur les retraites. Sur l'Euro et sur la politique étrangère. Qui sera d'autant plus riche qu'il pourra refléter la variété des expériences et des cultures dont regorge le Continent.
Pour faire cela, il nous faut trois choses. Primo : parier sur des médias qui favorisent un débat multilingue, et en particulier sur le « Web 2.0 », ou Internet de deuxième génération, qui permet une plus grande horizontalité et personalisation dans la communication et dans l'information. Secundo : élire une assemblée constituante par voie populaire qui présenterait par référendum, cette fois-ci, une vrai Constitution et non pas l'énième projet de traité qui ne veut pas dire son nom. Tertio : massifier l'accès à la mobilité avec un programme « Erasmus pour tous » qui vise à généraliser ce rêve, magnifique et créateur, que représente une aventure à l'étranger, à tous les étudiants et à tous les domaines professionnels. C'est du rêve qu'a vécu notre génération – fille de l'Internet et d'Erasmus – que doit redémarrer l'Europe du présent. C'est sa seule chance.
Si on touche au politique...
La réalité est que depuis le début des années 90, les Européens ont arrêté de penser leur processus d'intégration. Elargissement, Monnaie unique, liberté de circulation : toutes ces avancées récentes ont en fait été lancées dans le siècle passé, quelque part entre Maastricht et Schengen.
Pourquoi alors le projet européen s'est-il arrêté de courir ? La raison est simple. Tant que le processus d'intégration restait confiné au niveau économique et qu'il était servi par une méthode essentiellement diplomatique, il était susceptible d'avancer (pourvu que nos leaders tombent d'accord, ce qui n'était pas toujours le cas à cause de quelque chaise vide, par exemple). Mais aujourd'hui que le Marché Unique des marchandises, l'Euro ou Schengen sont une réalité, il n'y a plus de grand projet purement économique à promouvoir.
D'abord, parfaire le Marché Unique voudrait dire toucher au social avec la création d'un (vrai) marché unique des services. Ensuite, normaliser l'Euro comporterait la création d'un (vrai) gouvernement économique, et qui dit « gouvernement » dit « politique ». Généraliser la liberté de circulation, enfin, aux nouveaux pays membres équivaudrait à se heurter à l'épouvantail – toujours existant ! - du plombier polonais. Pour ne pas parler de la création d'une diplomatie et d'une armée européennes... Dans tous les cas on toucherait au politique et, donc, à un terrain miné. La preuve : même lorsque l'on trouve, difficilement, un accord diplomatique (c'était le cas pour la fameuse Constitution), les peuples le rejettent.
Internet, démocratie et Erasmus
En définitive, donc, quand on restait dans les altitudes de l'économie et de la diplomatie, la boule de neige continuait à descendre et à grossir – bien poussée, quand même, par un Delors ou un Spinelli. Dès lors qu'on descend plus en aval, elle fond, victime du... réchauffement politique et social.
Certes, on pourra toujours faire semblant de rien, acheter des canons à neige et fabriquer des « mini-traités ». Ou même faire du ski indoor en faisant passer, par la force, une Constitution qui – ne l'oublions pas ! – ne fait pas, comme on a voulu le faire croire, le choix de l'Europe politique, mais elle se limite à en améliorer le fonctionnement. Le problème restera.
Mais ce qui fond, ce n'est que l'Europe des chancelleries. Pour que le projet européen puisse devenir politique, l'Europe doit changer de logiciel. Et se dire que – pour qu'on mette en commun non plus seulement le charbon, les marchandises ou les monnaies – il lui faut créer un véritable espace de débat au de là des frontières. Sur l'énergie et sur les retraites. Sur l'Euro et sur la politique étrangère. Qui sera d'autant plus riche qu'il pourra refléter la variété des expériences et des cultures dont regorge le Continent.
Pour faire cela, il nous faut trois choses. Primo : parier sur des médias qui favorisent un débat multilingue, et en particulier sur le « Web 2.0 », ou Internet de deuxième génération, qui permet une plus grande horizontalité et personalisation dans la communication et dans l'information. Secundo : élire une assemblée constituante par voie populaire qui présenterait par référendum, cette fois-ci, une vrai Constitution et non pas l'énième projet de traité qui ne veut pas dire son nom. Tertio : massifier l'accès à la mobilité avec un programme « Erasmus pour tous » qui vise à généraliser ce rêve, magnifique et créateur, que représente une aventure à l'étranger, à tous les étudiants et à tous les domaines professionnels. C'est du rêve qu'a vécu notre génération – fille de l'Internet et d'Erasmus – que doit redémarrer l'Europe du présent. C'est sa seule chance.
mardi, mars 13, 2007
Bayrou, le gagnant du vide
Paternalismes, sermons, moralismes... Dimanche soir le Président Chirac marquait un point de plus dans la course pour son futur job : celui de Pape. Mais ses déclarations oecuméniques – pour ne pas dire banales – sur le futur de l'humanité n'étaient, hélas, guère en décalage avec le vide d'un débat électoral qui a du mal à prendre son envol et qui manque cruellement de grands sujets.
La raison est simple. Les Français ont aujourd'hui l'impression d'avoir tout dit, tout entendu. Et en effet, en ce début de siècle, la France aura vécu, plus que n'importe quel autre pays européen, une série d'événements marquants pour le débat politique national : la guerre en Irak en 2003 (en prenant une position courageuse) ; l'interdiction du voile à l'école en 2004 ; le référendum européen puis la crise des banlieues en 2005. Autant de sujets liés à des questions clé de notre époque – la démocratisation du monde arabe, la société multiculturelle, la construction d'une Europe politique – sur lesquels les Français ont fait preuve, à chaque fois, d'un enthousiasme et d'une participation exemplaires.
Mais alors pourquoi ce manque de profondeur dans le débat actuel autour de l'élection Présidentielle ? Parce que les discussions des dernières années se sont soldées – telles que les dissertations en trois parties chères à la tradition éducative nationale – dans des conclusions à peu près unanimes : Bush est un imposteur va-t'en-guerre ; le principe de laïcité (remontant à 1905) n'est pas négociable ; l'Europe n'est pas assez sociale ; les banlieues sont chaudes et le resteront. Dans l'esprit cartésien qui domine le pays, donc, ces dossiers sont clôturés.
Le problème est que, dans la réalité des choses, ils ne le sont pas du tout. Sur le plan international, la stratégie américaine évolue dans le sens de la diplomatie et c'est justement le moment de l'influencer. Sur le plan européen, les « Non » n'ont rien réglé étant donné qu'aucun Plan B n'est sur la table. Sur la scène nationale, l'intégration des communautés étrangères piétine tout comme la situation dans les banlieues.
Et alors ? Alors, en ayant l'impression que les enjeux de fonds manquent, l'attention des Français se concentre sur la personnalité des candidats et sur les « valeurs » qu'ils incarnent. Au risque que les principaux prétendants n'enthousiasment pas tout à fait. Et que les électeurs finissent par leur préferer un outsider. François Bayrou est par conséquant le grand gagnant du vide qui domine la campagne. Ce qui peut contrer son ascension, ce ne sont ni DSK ni Simone Veil, mais un retour à ces réalités que la France pense avoir fixées. A tort.
La raison est simple. Les Français ont aujourd'hui l'impression d'avoir tout dit, tout entendu. Et en effet, en ce début de siècle, la France aura vécu, plus que n'importe quel autre pays européen, une série d'événements marquants pour le débat politique national : la guerre en Irak en 2003 (en prenant une position courageuse) ; l'interdiction du voile à l'école en 2004 ; le référendum européen puis la crise des banlieues en 2005. Autant de sujets liés à des questions clé de notre époque – la démocratisation du monde arabe, la société multiculturelle, la construction d'une Europe politique – sur lesquels les Français ont fait preuve, à chaque fois, d'un enthousiasme et d'une participation exemplaires.
Mais alors pourquoi ce manque de profondeur dans le débat actuel autour de l'élection Présidentielle ? Parce que les discussions des dernières années se sont soldées – telles que les dissertations en trois parties chères à la tradition éducative nationale – dans des conclusions à peu près unanimes : Bush est un imposteur va-t'en-guerre ; le principe de laïcité (remontant à 1905) n'est pas négociable ; l'Europe n'est pas assez sociale ; les banlieues sont chaudes et le resteront. Dans l'esprit cartésien qui domine le pays, donc, ces dossiers sont clôturés.
Le problème est que, dans la réalité des choses, ils ne le sont pas du tout. Sur le plan international, la stratégie américaine évolue dans le sens de la diplomatie et c'est justement le moment de l'influencer. Sur le plan européen, les « Non » n'ont rien réglé étant donné qu'aucun Plan B n'est sur la table. Sur la scène nationale, l'intégration des communautés étrangères piétine tout comme la situation dans les banlieues.
Et alors ? Alors, en ayant l'impression que les enjeux de fonds manquent, l'attention des Français se concentre sur la personnalité des candidats et sur les « valeurs » qu'ils incarnent. Au risque que les principaux prétendants n'enthousiasment pas tout à fait. Et que les électeurs finissent par leur préferer un outsider. François Bayrou est par conséquant le grand gagnant du vide qui domine la campagne. Ce qui peut contrer son ascension, ce ne sont ni DSK ni Simone Veil, mais un retour à ces réalités que la France pense avoir fixées. A tort.
samedi, mars 10, 2007
L'Ancien régime et les médias (franco)français
Ils étaient plusieurs centaines les journalistes réunis à Lille pour les « Assises internationales du journalisme » dont cafebabel.com était partenaire. Tout d'abord le titre était trompeur : il aurait fallu les appeler les « Assises franco-françaises du journalisme corporatiste ». D'international il y avait très peu mis à part deux journalistes indiens et quatre polonais complètement perdus... Puis, l'approche utilisée était des plus autoréférentielles et fermées, s'il est vrai qu'un spectre hantait l'événement : celui de l'Internet. « Halte au tout gratuit ! » hurlaient les journalistes comfortablement salariés. « Que se passera-t-il de l'emploi que j'ai toujours rêvé ? » se demandaient les pigistes, les précaires du système que tous lamentent et que tous exploitent. « Faut-il avoir peur du Web? » demandaient les animateurs. « Le problème est le capital! » renchérissait Edwy Plenel. Avec une entandence et des participants uniquement journalistes, le thème qui dominait tous les débats était celui de l'économie de la presse : un domaine, on le sait bien, parfaitement maîtrisé par les journalistes français. Dommage! Dommage qu'aucun représentant de la presse économique était là et que les analyses se résumaient à un amas de lieux communs et de paranoïas. Dommage qu'aucun éditeur ou patron de presse était représenté pour un engager un débat sérieux sur le futur du journalisme ! Dommage aussi que la teneur des échanges était trop souvent proche de l'amateurisme... dans un débat sur l'Internet on a pu entendre le mot Web 2.0 prononcé qu'à la fin ou le projet newassignment.net complètement ignoré par les intervenants...
Bref, les journalistes réunis à Lille ressemblaient fort bien aux aristocrates retranchés à Versailles, à l'ancien régime qui préfère la défense de ses acquis à l'acceptation du défi d'avenir, à l'élite dirigeante qui ne se saisit pas du vaste champs d'ouverture qu'offre Internet aujourd'hui. Oui, parce que le Quatrième pouvoir a failli dans sa mission de contrôle du pouvoir et des nouvelles formes de journalisme citoyen (embryonnaire et perfectible) émergent aujourd'hui dans l'univers de nos opinions publiques...
Heuresement qu'étaient présents une poignée de journalistes qui ont fait le pari de la presse Web : Laurent Guimier du figaro.fr ou Walter Bouvais de Terra Economica... Le premier a défendu son modèle économique (tout gratuit, début d'intégration avec les ressources du journal papier). Le deuxième a fait part de son avant-gardisme : se servir de l'Internet comme d'un incubateur pour des idées difficilement réalisables dans le papier (en l'occurrance un webzine inspiré aux valeurs du développement durable). Sans parler des quelques pigistes qui désormais pensent à fonder leur propre titre... sur le Web ! Il faut le dire : cette paranoïa vis-à-vis du Web est loin d'être la norme en France. Le Web 2.0 français se porte très bien... Dommage que le Journalisme français avec un grand « J » soit bien loin d'être dans le coup !
Bref, les journalistes réunis à Lille ressemblaient fort bien aux aristocrates retranchés à Versailles, à l'ancien régime qui préfère la défense de ses acquis à l'acceptation du défi d'avenir, à l'élite dirigeante qui ne se saisit pas du vaste champs d'ouverture qu'offre Internet aujourd'hui. Oui, parce que le Quatrième pouvoir a failli dans sa mission de contrôle du pouvoir et des nouvelles formes de journalisme citoyen (embryonnaire et perfectible) émergent aujourd'hui dans l'univers de nos opinions publiques...
Heuresement qu'étaient présents une poignée de journalistes qui ont fait le pari de la presse Web : Laurent Guimier du figaro.fr ou Walter Bouvais de Terra Economica... Le premier a défendu son modèle économique (tout gratuit, début d'intégration avec les ressources du journal papier). Le deuxième a fait part de son avant-gardisme : se servir de l'Internet comme d'un incubateur pour des idées difficilement réalisables dans le papier (en l'occurrance un webzine inspiré aux valeurs du développement durable). Sans parler des quelques pigistes qui désormais pensent à fonder leur propre titre... sur le Web ! Il faut le dire : cette paranoïa vis-à-vis du Web est loin d'être la norme en France. Le Web 2.0 français se porte très bien... Dommage que le Journalisme français avec un grand « J » soit bien loin d'être dans le coup !