mardi, mars 13, 2007

 

Bayrou, le gagnant du vide

Paternalismes, sermons, moralismes... Dimanche soir le Président Chirac marquait un point de plus dans la course pour son futur job : celui de Pape. Mais ses déclarations oecuméniques – pour ne pas dire banales – sur le futur de l'humanité n'étaient, hélas, guère en décalage avec le vide d'un débat électoral qui a du mal à prendre son envol et qui manque cruellement de grands sujets.
La raison est simple. Les Français ont aujourd'hui l'impression d'avoir tout dit, tout entendu. Et en effet, en ce début de siècle, la France aura vécu, plus que n'importe quel autre pays européen, une série d'événements marquants pour le débat politique national : la guerre en Irak en 2003 (en prenant une position courageuse) ; l'interdiction du voile à l'école en 2004 ; le référendum européen puis la crise des banlieues en 2005. Autant de sujets liés à des questions clé de notre époque – la démocratisation du monde arabe, la société multiculturelle, la construction d'une Europe politique – sur lesquels les Français ont fait preuve, à chaque fois, d'un enthousiasme et d'une participation exemplaires.
Mais alors pourquoi ce manque de profondeur dans le débat actuel autour de l'élection Présidentielle ? Parce que les discussions des dernières années se sont soldées – telles que les dissertations en trois parties chères à la tradition éducative nationale – dans des conclusions à peu près unanimes : Bush est un imposteur va-t'en-guerre ; le principe de laïcité (remontant à 1905) n'est pas négociable ; l'Europe n'est pas assez sociale ; les banlieues sont chaudes et le resteront. Dans l'esprit cartésien qui domine le pays, donc, ces dossiers sont clôturés.
Le problème est que, dans la réalité des choses, ils ne le sont pas du tout. Sur le plan international, la stratégie américaine évolue dans le sens de la diplomatie et c'est justement le moment de l'influencer. Sur le plan européen, les « Non » n'ont rien réglé étant donné qu'aucun Plan B n'est sur la table. Sur la scène nationale, l'intégration des communautés étrangères piétine tout comme la situation dans les banlieues.
Et alors ? Alors, en ayant l'impression que les enjeux de fonds manquent, l'attention des Français se concentre sur la personnalité des candidats et sur les « valeurs » qu'ils incarnent. Au risque que les principaux prétendants n'enthousiasment pas tout à fait. Et que les électeurs finissent par leur préferer un outsider. François Bayrou est par conséquant le grand gagnant du vide qui domine la campagne. Ce qui peut contrer son ascension, ce ne sont ni DSK ni Simone Veil, mais un retour à ces réalités que la France pense avoir fixées. A tort.

Comments: Enregistrer un commentaire

<< Home

This page is powered by Blogger. Isn't yours?