jeudi, septembre 28, 2006

 

Sarkozy, fédéraliste pragmatique


« Transfert complet » de la compétence de l’asile à l'Union européenne ; création de « consulats européens » pour délivrer les visas de court séjour ; création d'un bureau européen de lutte contre l'immigration clandestine… A la veille de la réunion interministérielle de Madrid, prévue pour le vendredi 29 septembre, le Ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy affiche une ambition qui va bien au de là du niveau actuel de « coordination » a minima des politiques d’immigration de l’Union européenne.
Sur la forme, le raisonnement est plus que logique : "chaque consulat national délivrant des visas permettant de circuler dans l'espace Schengen [de libre circulation des personnes], en cas de refus, le demandeur va donc tenter sa chance dans un autre consulat jusqu'à ce qu'il obtienne satisfaction".
De plus, la prise de conscience de la dimension européenne du phénomène migratoire revèle d’une forme de « fédéralisme pragmatique » qui, jusque là, n’avait pas été partagé par des responsables français. La démarche est donc à saluer en ces temps de gestion catastrophique de l’immigration clandestine.
Mais il y a des fortes chances que les contenus de cette stratégie pan-européenne que souhaite le candidat probable de l’UMP à la presidentielle sont, quant à eux, inspirés d’une vision réductive du phénomène migratoire. Les expulsions, les rapatriements ainsi que les restrictions prônées par le Ministre de l’Intérieur en France parlent d’elles mêmes.
Bref, si l’analyse est bonne, les conclusions manquent de vision. Car, entre les lignes de la pensée sarkoziste, l’immigration est vue non pas comme un problème à gérer et une ressource à valoriser mais comme une menace à combattre. Son mérite est pourtant d’avoir compris que c’est en Europe que se jouera l’avenir de nos sociétés. Est-ce que la gauche l’a compris aussi ?

mercredi, septembre 20, 2006

 

Erasmus "option dialogue social" pour la France

Le ministre délégué à l'Emploi, Gérard Larcher, se rendra jeudi aux Pays-Bas et en Espagne pour étudier les traditions de ces pays en matière de dialogue social. Et ce, quelques jours avant de présenter un avant-projet de loi de réforme du dialogue social en France.
Enfin le pays de la (g)rève générale s'ouvre à ce qui se passe ailleurs ! Comme je l'écrivais dans Le Monde le 4 avril dernier, la crise du CPE démontrait à quel point la France n'avait pas été en mesure de mettre sur pieds un système durable de concertation entre les partenaires sociaux.
Mais il faudra également résoudre l'autre grand mal français, celui de la réluctance envers toute évolution de son modèle social. C'est urgent pour la gauche de s'ouvrir aux "réformes", si on veut éviter la "rupture" que certains candidats à l'élection de 2007 prônent avec de plus en plus d'insistance et de succès dans les sondages.

vendredi, septembre 15, 2006

 

Oriana Fallaci n’est plus, le « Syndrôme Fallaci » se porte de mieux en mieux


Oriana Fallaci, journaliste, écrivain, intellectuelle de premier plan en Italie et en Europe s’est éteinte aujorud’hui, à Florence, à l’âge de 77 ans.
Mais son héritage restera gravé à jamais. La polémiste italienne, célèbre pour son pamphlet L'Orgueil et la Rage (Plon, 196 p., 15 € ), publié au lendemain des attentats du 11 septembre, a en effet anticipé une tendance aujourd’hui très populaire dans les milieux intellectuels européens. Celle d’une véritable « intolérance » vis-à-vis du terrorisme islamiste, dont l’originalité était de ne pas se baser sur un racisme brut et droitier mais sur la nécessité de défendre les valeurs occidentales d’ouverture et de liberté. Pour tous ceux qui l’avaient vue s’engager dans les année 70 pour des batailles très à gauche pour le droit au divorce et à l’avortement, ce fut un véritable choc de l’entendre fustiger la pensée faible de l’Occident face au terrorisme, ses faiblesses, son manque de conviction.
En clair, pour paraphraser Karl Popper, la « société ouverte » – pour Mme Fallaci – devait être « intolérante avec les intolérants ». Il s’agissait d’une réaction fière, sanguigne mais, après tout, justifiée.
Ceci dit, au fûr et à mesure que le terrorisme islamiste se développait dans le monde en général et en Europe en particulier (Madrid 2004, Londres 2005…), son discours se faisait aussi de plus en plus sévère. Et ainsi elle arriva à condamner non pas le terrorisme de matrice islamique mais l’Islam en tant que tel.
L’année dernière, par exemple, au lendemain des bombes de Londres, dans un article paru dans les colonnes du Corriere della Sera, elle arrivait à s’ériger en « Cassandre » pour prévoir des attentats à l’occasion des élections italiennes de 2006 « contre des monuments, contre notre patrimoine culturel car les terroristes veulent détruire ce qu’eux n’ont jamais pu avoir, la culture et les arts ». Son discours tournait ainsi au vinaigre. C’était ce que j’appelle le « Syndrôme Fallaci ».
Car son discours est le miroir non seulement de ces intellectuels qu’on a entendu fustiger l’Islamo-fascisme, mais aussi d’une partie immense de l’opinion publique européenne qui voit dans l’Islam une menace à la civilisation occidentale, qui craint l’avenement d’une véritable « Eurabie » - comme disait Oriana Fallaci – dans le Vieux Continent. Il suffit de voir la quantité de soutiens qu’elle savait rassembler.
Nous devons ainsi garder, de l’héritage politique d’Oriana Fallaci, non seulement son engagement civique des années 70 mais également son cri d’alarme face à une Europe molle, qui trop souvent cède aux sirènes de l’antiaméricanisme et qui – avouons-le – à cause de certains milieux gauchistes a tendance à relativiser la menace terroriste et islamiste.
En revanche, le leg qu’il faudra essayer de contrer – celui qui aujourd’hui pèse le plus dans les esprits des Européens – c’est ce « syndrôme Fallaci » : partir d’une idée noble telle que la défense de nos valeurs, pour en arriver à pointer du doigt une religion et une culture toutes entières. Avec lesquelles l’Europe devra composer. Qu’on le veuille ou pas.

jeudi, septembre 07, 2006

 

La véritable fraude d'Attac


Je lis avec admiration l'attaque magistrale de Jean Quatremer sur son blog (lire) contre la direction du mouvement anti-mondialiste ATTAC.

Jacques Nikonoff & associés sont accusés d'avoir organisé une fraude massive lors des élections de l'organisation afin de se maintenir au pouvoir. Il s'agit d'une réelle décrédibilisation pour un mouvement qui - comme le rappelle Quatremer - s'hérigeait en référence morale de la gauche.

Mais la véritable fraude que la direction d'ATTAC a commis, la plus grave aux yeux de l'Histoire de la construction européenne, est d'avoir sciemment menti à ses militants au moment de la campagne sur le référendum pour le Traité constitutionnel. C'est alors que Nikonoff et compagnie ont orchestré une formidable opération de propagande en truquant la substance du texte ("une Constitution gravée dans le marbre" alors qu'il s'agissait d'un Traité), son interprétation ("machinerie hyper-libérale" alors que l'Europe incarne avec les fonds structurels et d'autres initiatives l'alternative au capitalisme sauvage) ainsi que le sens même du projet européen en s'apparentant au discours lépeniste (lire mon billet du 06/05/05). Qui va payer pour cette fraude-là ?

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