vendredi, septembre 15, 2006

 

Oriana Fallaci n’est plus, le « Syndrôme Fallaci » se porte de mieux en mieux


Oriana Fallaci, journaliste, écrivain, intellectuelle de premier plan en Italie et en Europe s’est éteinte aujorud’hui, à Florence, à l’âge de 77 ans.
Mais son héritage restera gravé à jamais. La polémiste italienne, célèbre pour son pamphlet L'Orgueil et la Rage (Plon, 196 p., 15 € ), publié au lendemain des attentats du 11 septembre, a en effet anticipé une tendance aujourd’hui très populaire dans les milieux intellectuels européens. Celle d’une véritable « intolérance » vis-à-vis du terrorisme islamiste, dont l’originalité était de ne pas se baser sur un racisme brut et droitier mais sur la nécessité de défendre les valeurs occidentales d’ouverture et de liberté. Pour tous ceux qui l’avaient vue s’engager dans les année 70 pour des batailles très à gauche pour le droit au divorce et à l’avortement, ce fut un véritable choc de l’entendre fustiger la pensée faible de l’Occident face au terrorisme, ses faiblesses, son manque de conviction.
En clair, pour paraphraser Karl Popper, la « société ouverte » – pour Mme Fallaci – devait être « intolérante avec les intolérants ». Il s’agissait d’une réaction fière, sanguigne mais, après tout, justifiée.
Ceci dit, au fûr et à mesure que le terrorisme islamiste se développait dans le monde en général et en Europe en particulier (Madrid 2004, Londres 2005…), son discours se faisait aussi de plus en plus sévère. Et ainsi elle arriva à condamner non pas le terrorisme de matrice islamique mais l’Islam en tant que tel.
L’année dernière, par exemple, au lendemain des bombes de Londres, dans un article paru dans les colonnes du Corriere della Sera, elle arrivait à s’ériger en « Cassandre » pour prévoir des attentats à l’occasion des élections italiennes de 2006 « contre des monuments, contre notre patrimoine culturel car les terroristes veulent détruire ce qu’eux n’ont jamais pu avoir, la culture et les arts ». Son discours tournait ainsi au vinaigre. C’était ce que j’appelle le « Syndrôme Fallaci ».
Car son discours est le miroir non seulement de ces intellectuels qu’on a entendu fustiger l’Islamo-fascisme, mais aussi d’une partie immense de l’opinion publique européenne qui voit dans l’Islam une menace à la civilisation occidentale, qui craint l’avenement d’une véritable « Eurabie » - comme disait Oriana Fallaci – dans le Vieux Continent. Il suffit de voir la quantité de soutiens qu’elle savait rassembler.
Nous devons ainsi garder, de l’héritage politique d’Oriana Fallaci, non seulement son engagement civique des années 70 mais également son cri d’alarme face à une Europe molle, qui trop souvent cède aux sirènes de l’antiaméricanisme et qui – avouons-le – à cause de certains milieux gauchistes a tendance à relativiser la menace terroriste et islamiste.
En revanche, le leg qu’il faudra essayer de contrer – celui qui aujourd’hui pèse le plus dans les esprits des Européens – c’est ce « syndrôme Fallaci » : partir d’une idée noble telle que la défense de nos valeurs, pour en arriver à pointer du doigt une religion et une culture toutes entières. Avec lesquelles l’Europe devra composer. Qu’on le veuille ou pas.

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