samedi, mars 10, 2007

 

L'Ancien régime et les médias (franco)français

Ils étaient plusieurs centaines les journalistes réunis à Lille pour les « Assises internationales du journalisme » dont cafebabel.com était partenaire. Tout d'abord le titre était trompeur : il aurait fallu les appeler les « Assises franco-françaises du journalisme corporatiste ». D'international il y avait très peu mis à part deux journalistes indiens et quatre polonais complètement perdus... Puis, l'approche utilisée était des plus autoréférentielles et fermées, s'il est vrai qu'un spectre hantait l'événement : celui de l'Internet. « Halte au tout gratuit ! » hurlaient les journalistes comfortablement salariés. « Que se passera-t-il de l'emploi que j'ai toujours rêvé ? » se demandaient les pigistes, les précaires du système que tous lamentent et que tous exploitent. « Faut-il avoir peur du Web? » demandaient les animateurs. « Le problème est le capital! » renchérissait Edwy Plenel. Avec une entandence et des participants uniquement journalistes, le thème qui dominait tous les débats était celui de l'économie de la presse : un domaine, on le sait bien, parfaitement maîtrisé par les journalistes français. Dommage! Dommage qu'aucun représentant de la presse économique était là et que les analyses se résumaient à un amas de lieux communs et de paranoïas. Dommage qu'aucun éditeur ou patron de presse était représenté pour un engager un débat sérieux sur le futur du journalisme ! Dommage aussi que la teneur des échanges était trop souvent proche de l'amateurisme... dans un débat sur l'Internet on a pu entendre le mot Web 2.0 prononcé qu'à la fin ou le projet newassignment.net complètement ignoré par les intervenants...
Bref, les journalistes réunis à Lille ressemblaient fort bien aux aristocrates retranchés à Versailles, à l'ancien régime qui préfère la défense de ses acquis à l'acceptation du défi d'avenir, à l'élite dirigeante qui ne se saisit pas du vaste champs d'ouverture qu'offre Internet aujourd'hui. Oui, parce que le Quatrième pouvoir a failli dans sa mission de contrôle du pouvoir et des nouvelles formes de journalisme citoyen (embryonnaire et perfectible) émergent aujourd'hui dans l'univers de nos opinions publiques...
Heuresement qu'étaient présents une poignée de journalistes qui ont fait le pari de la presse Web : Laurent Guimier du figaro.fr ou Walter Bouvais de Terra Economica... Le premier a défendu son modèle économique (tout gratuit, début d'intégration avec les ressources du journal papier). Le deuxième a fait part de son avant-gardisme : se servir de l'Internet comme d'un incubateur pour des idées difficilement réalisables dans le papier (en l'occurrance un webzine inspiré aux valeurs du développement durable). Sans parler des quelques pigistes qui désormais pensent à fonder leur propre titre... sur le Web ! Il faut le dire : cette paranoïa vis-à-vis du Web est loin d'être la norme en France. Le Web 2.0 français se porte très bien... Dommage que le Journalisme français avec un grand « J » soit bien loin d'être dans le coup !

Comments:
Je ne suis pas toute à fait d'accord. Il y avait sûrement des défauts, c'est la première organisation. Mais la passion y était et l'envie de se poser des questions sur le métier aussi. Et je pense que c'est important en un sens. Les journalistes ont besoin de se retrouver pour se poser des vrais questions et essayer d'y trouver des réponses.
Certains sont peut-être frileux mais il est vrai qu'il va falloir accepter que la profession évolue et que d'autres moyens d'informer existent.
Je ne pense que le web 2.0 a été complètement oublié. Je faisais partie des étudiants de l'ESJ qui ont alimenté le blog des Assises pendant 3 jours. Et notre école ne vante pas les sacro-saints mérites de la presse écrite classique, on nous apprend justement le web 2.0.
Bref, ces Assises sont quand même un belle initiative.
 
Je pense qu'une chose c'est ce que l'on apprend dans une école de journalisme quand on est jeune et on a envie, et l'autre ce dont débattent des journalistes bien installés dans leur profession. Or, ces derniers sont effectivement saisis pour la plupart par la question du Web. Mais, hélas, ils n'arrivent pas à aller - selon les cas - au de là de l'angoisse, du désintérêt ou, dans le meilleur des cas, de la fascination. Des exceptions existent et je les ai soulignés. Mais leur travail n'est pas suffisamment reconnu. Pour ce qui est de Terra Economica, tout comme pour mon expérience, donenr une carte de presse équivaut à mettre la clé sous la porte (manque de moyens). Pour lefigaro.fr, travailler dans le Web veut dire se heurter à des préjugés qui sont encore dûrs à mourir. Mais les mentalités vont évoluer, j'en suis sûr, le temps que la nouvelle génération prenne le pouvoir ;-) Au moins, en France, elle va y arriver.
 
Il n'y avait pas que des journalistes, l'apres-midi et le matin. Je suis un étudiant, et il y en avait une cinquantaine comme moi, dont la moitié qui a pris la parole, lors de ces trois jours.
Ensuite, le web 2.0 n'a pas été critiqué à l'unanimité, puisque, ces assises reposant sur des débats, il y a eu des journalistes pour dire des arguments contraire aux personnes terrorisées par le web. Il y en a beaucoup plus que les deux journalistes cités ici.
 
@ kronos59

merci pour ce complément d'information que je ne peux que confirmer: heureusement que les nouvelles générations sont plus ouvertes (encore que dans le workshop du vendredi matin sur le Web les interventions les plus syndacalisantes ont été faite par une jeune) !

Mais mon propos était de dire que la classe dirigeante du monde médiatique - à quelques exceptions près - n'a pas saisi la nouvelle dimension du Web 2.0. Est-ce que vous confirmez d'après ce que vous voyez ?
 
Tout à fait, je le vois aussi comme ça... Je me souviens encore du discours d'ouverture, où le "web 2.0" a été présenté comme une vraie menace pour les journalistes... Pendant les trois jours, des journalistes (les même) n'ont cessé de répeter les dangers du "journaliste-citoyen", pour le métier de journaliste. Mais j'insiste : Il y en avait d'autres pour les contredire, et heureusement. :) Ces assises ont tout de même été utiles, ne serait ce que pour les débats sur le journalisme et l'avenir de la presse. Il y a eu une vraie réflexion sur ce métier, je trouve que c'est déja un grand pas ^^
 
Disons que ça partait d'une bonne intention, je vous l'accorde :-)

Mais personnellement j'étais très déçu:
- pas d'ouverture internationale qui justifie l'adjectif pompeusement inscrit dans l'intitulé ;
- amateurisme du propos sur les nouvelles technologies ;
- zéro esprit d'avant-garde ;
- corporatisme.

Après, les voies contestataires étaient là, bien sûr. Mais elles n'étaient pas assez fortes !
 
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