vendredi, mars 16, 2007

 

L'UE, une boule de neige qui a fondu en 50 ans

En ces temps de réchauffement climatique, évoquer l' « effet boule de neige » espéré par les pères fondateurs de l'Europe pourrait paraître anachronique. « Construisons une communauté économique, l'intégration politique suivra ! », disaient-ils. Et en effet, aujourd'hui, ce schéma s'est révélé être, telle qu'une idéologie, complètement faux.

Si on touche au politique...

La réalité est que depuis le début des années 90, les Européens ont arrêté de penser leur processus d'intégration. Elargissement, Monnaie unique, liberté de circulation : toutes ces avancées récentes ont en fait été lancées dans le siècle passé, quelque part entre Maastricht et Schengen.
Pourquoi alors le projet européen s'est-il arrêté de courir ? La raison est simple. Tant que le processus d'intégration restait confiné au niveau économique et qu'il était servi par une méthode essentiellement diplomatique, il était susceptible d'avancer (pourvu que nos leaders tombent d'accord, ce qui n'était pas toujours le cas à cause de quelque chaise vide, par exemple). Mais aujourd'hui que le Marché Unique des marchandises, l'Euro ou Schengen sont une réalité, il n'y a plus de grand projet purement économique à promouvoir.
D'abord, parfaire le Marché Unique voudrait dire toucher au social avec la création d'un (vrai) marché unique des services. Ensuite, normaliser l'Euro comporterait la création d'un (vrai) gouvernement économique, et qui dit « gouvernement » dit « politique ». Généraliser la liberté de circulation, enfin, aux nouveaux pays membres équivaudrait à se heurter à l'épouvantail – toujours existant ! - du plombier polonais. Pour ne pas parler de la création d'une diplomatie et d'une armée européennes... Dans tous les cas on toucherait au politique et, donc, à un terrain miné. La preuve : même lorsque l'on trouve, difficilement, un accord diplomatique (c'était le cas pour la fameuse Constitution), les peuples le rejettent.

Internet, démocratie et Erasmus

En définitive, donc, quand on restait dans les altitudes de l'économie et de la diplomatie, la boule de neige continuait à descendre et à grossir – bien poussée, quand même, par un Delors ou un Spinelli. Dès lors qu'on descend plus en aval, elle fond, victime du... réchauffement politique et social.
Certes, on pourra toujours faire semblant de rien, acheter des canons à neige et fabriquer des « mini-traités ». Ou même faire du ski indoor en faisant passer, par la force, une Constitution qui – ne l'oublions pas ! – ne fait pas, comme on a voulu le faire croire, le choix de l'Europe politique, mais elle se limite à en améliorer le fonctionnement. Le problème restera.
Mais ce qui fond, ce n'est que l'Europe des chancelleries. Pour que le projet européen puisse devenir politique, l'Europe doit changer de logiciel. Et se dire que – pour qu'on mette en commun non plus seulement le charbon, les marchandises ou les monnaies – il lui faut créer un véritable espace de débat au de là des frontières. Sur l'énergie et sur les retraites. Sur l'Euro et sur la politique étrangère. Qui sera d'autant plus riche qu'il pourra refléter la variété des expériences et des cultures dont regorge le Continent.
Pour faire cela, il nous faut trois choses. Primo : parier sur des médias qui favorisent un débat multilingue, et en particulier sur le « Web 2.0 », ou Internet de deuxième génération, qui permet une plus grande horizontalité et personalisation dans la communication et dans l'information. Secundo : élire une assemblée constituante par voie populaire qui présenterait par référendum, cette fois-ci, une vrai Constitution et non pas l'énième projet de traité qui ne veut pas dire son nom. Tertio : massifier l'accès à la mobilité avec un programme « Erasmus pour tous » qui vise à généraliser ce rêve, magnifique et créateur, que représente une aventure à l'étranger, à tous les étudiants et à tous les domaines professionnels. C'est du rêve qu'a vécu notre génération – fille de l'Internet et d'Erasmus – que doit redémarrer l'Europe du présent. C'est sa seule chance.

Comments: Enregistrer un commentaire

<< Home

This page is powered by Blogger. Isn't yours?