mercredi, mars 21, 2007

 

Affaire Battisti, un test d'européanité pour les candidats

Vu d'Italie, les réactions des tenors du monde politique français à l'affaire Battisti soulèvent l'indignation. Depuis qu'il y obtint l'asyle politique grâce à la « Doctrine Mitterand », cet ancien terroriste italien, condamné à perpétuité pour 4 meurtres dont deux exécutés personnellement, jouit en France d'une étrange sympathie. François Hollande, les Verts, l'extrême gauche et même le « très européen » François Bayrou ont déclaré, suite à son arrestation au Brésil, qu'il ne devait pas être extradé tant qu'il n'y ait l'assurance d'un « nouveau procès » en Italie. Leurs arguments : l'Italie n'a pas su faire les comptes avec son passé en jugeant Battisti en contumace. Certes, Ségolène Royal, candidate d'un PS champion de la cacophonie, a déclaré que l'affaire ne concernait plus que « le Brésil et l'Italie ». Mais la réalité est là. Qui plus est, selon le « Corriere della Sera », des hommes politiques français auraient aidé Cesare Battisti dans sa fuite au Brésil.
Or, l'Union syndicale de la magistrature a exprimé hier son « soutien à la justice italienne » en rappellant que dans la contumace italienne, « l'accusé en fuite est défendu à tous les stades de la procédure » et que la Cour européenne des droits de l'homme avait déjà validé cette procédure. Par ailleurs, dans sa note, l'USM précise qu'elle entend « réaffirmer le principe de la confiance mutuelle entre systèmes judiciaires européens fondé sur la capacité de tous les Etats-membres de l'Union de garantir un procès équitable ».
L'affaire Battisti apparaît donc comme un véritable test d'européanité pour les prétendants à l'Elysée. A la base de la doctrine Mitterand il y avait la thèse selon laquelle l'Italie n'aurait pas su faire les comptes avec son passé. Mais au nom de quoi les terroristes italiens devraient rester en liberté alors que les terroristes français – ceux d'Action Directe, par exemple – ont été arrêté et condamnés à perpétuité ? Comment peut-on arriver à donner des leçons de droit à un Etat qui a vécu une véritable guerre pendant les années de plomb et qui a su, malgré ça, rester un pays démocratique comme le prouve le rejet du recours de Battisti par la Cour européenne ? Comment peut-on se dire européen et tomber aussi facilement dans les pièges du gauchisme cocorico le plus arrière-gardiste ?
Heuresement que l'Etat français ait su assumer un vrai revirement dans cette affaire, avec la coopération qui a été assurée par le Ministère de l'Intérieur ! Et Nicolas Sarkozy de préciser : « à partir du moment où il y a un mandat d'arrêt, il est tout à fait normal que la police française collabore ».
Ce qui est triste dans cette affaire, c'est que cette position n'ait été défendue que par le candidat de l'UMP et par l'extrême droite, alors que la coopération judiciaire européenne devrait constituer l'un des pilliers de cette Europe qui, à 50 ans de sa fondation, a besoin d'un nouvel élan. Parler de Constitution et grands projets d'avenir n'a pas de sens lorsque l'on traîne les pieds dans les sujets les plus concrets. Comme la coopération judiciaire.

Libellés : , , ,


Comments: Enregistrer un commentaire

<< Home

This page is powered by Blogger. Isn't yours?