mardi, juin 21, 2005

 

Plan D, comme Démocratie (faute de Plan B...)

Le Conseil européen a décidé de faire une pause d'un an dans le processus de ratification du traité constitutionnel. Pour ainsi repousser, une fois de plus, ce « plan D » que l'Europe attend depuis 15 ans.

Le vin devait être trop bon, le 16 juin, au dîner du Conseil européen à Bruxelles. Car la décision de « poursuivre » le processus de ratification de la Constitution européenne a quelque chose d’irréel. Surtout après le « non » français, le « nee » hollandais et le « no, thank you » britannique.

Les électeurs ne veulent pas de cette Europe

Les incohérences ne s'arrêtent pas là. Car les chefs d'Etat et de gouvernement ont décidé de faire une pause, de se donner un « temps de réflexion » d'un an qui ne sera en réalité pas respecté car d'autres pays vont organiser des référendums, à commencer par le Luxembourg du président du Conseil en exercice, Jean-Claude Juncker.
En réalité, l'Europe n'a pas besoin d’une pause, car elle n’avance déjà plus, et ce depuis 1992 et le Sommet de Maastricht : l'Euro, la PESC, la coopération judiciaire, les plus importantes avancées de ces dernières années y furent décidées. Or, le reste du monde avance pendant que l'Europe continue de s’enfoncer inexorablement dans une crise démographique, sociale et économique. Une crise que le dernier sommet de Bruxelles n’a pas su régler, car aucun accord n’a pu être trouvé pour le budget 2007-13 de l’UE en provoquant un sentiment (compréhensible) de « honte » chez Juncker même.
Une réponse toute faite consisterait à s’abriter derrière la volonté du peuple : « les électeurs ne sont pas prêts pour une fuite en avant ». Ce serait un faux argument, car les Français et les Néerlandais n’ont pas dit non à l’Europe en tant que projet d'avenir, mais à une Europe qui peine à entrer dans le XXIème siècle.

Assemblée constituante

A cette fin, M. Juncker a donc raison de proposer un plan D. Non pas pour « Dialogue et Débat », mais pour « Démocratie ». C’est par les urnes que l'Europe doit regagner la confiance de ses citoyens. Mais, puisque ces derniers veulent une Europe qui leur ressemble il faut aller au bout de la logique et envisager ce que Juncker ne propose pas : l’élection d’une véritable Assemblée constituante. Cette Assemblée aura pour mission de rédiger un vrai projet de Constitution, et ses membres auront été élus pour ce mandat, et feront campagne pour défendre leur vision de l’Europe. Une telle campagne serait animée par des mouvements politiques et des médias transnationaux. Le texte produit déboucherait sur un référendum de ratification, qui aurait lieu le même jour dans tous les pays.

Voilà le vrai plan D, qui répondrait vraiment à la triple exigence de dialogue, de débat et surtout de démocratie que bons nombres d’Européens expriment, mais qui permettrait aussi à l’Europe de cesser d’être l’otage des diplomaties nationales dont les divergences s’étalent au grand jour à chaque sommet. Pour sortir de la crise, c’est d’une volonté d’aller de l’avant dont l’Europe a besoin. Pas de « pauses ».

Publié sur café babel. Alors, qu'en pensez-vous, amis nonistes et ouistes de ce "plan"? Faute du fameux Plan B évoqué avec un matraquage médiatique digne de la pire propagande soviétique jusqu'à faire croire qu'il était caché dans quelque tiroir à Bruxelles...

Comments:
Je réponds ici à l'une des questions/remarques reçues par les lecteurs en réaction à mon article:

"Ma question était relative à la fin de cet article : la proposition de construction d'une assemblée en charge de la rédaction de la constitution...Est-ce que celle correspond à une proposition de M. Juncker ou une issue possible du problème actuel à tes propres yeux. Dans tous les cas, ceci me parait être la véritbale solution à apporter à ce conflit : Demander aux citoyens quelle Europe ils souhaitent construire."

Eh bien, non : Juncker ne prévoit pas, dans son Plan D, d'assembloée constituante. C'est ça la réalité : aucun dirigeant européen n'a aujourd'hui de véritable vision pour notre Union.
 
"Faute du fameux Plan B évoqué avec un matraquage médiatique digne de la pire propagande soviétique jusqu'à faire croire qu'il était caché dans quelque tiroir à Bruxelles..."

Enfin tu reconnais qu'il y a eu matraquage médiatique! Mais bien-sûr selon toi ce phénomène incitait les gens à voter Non.

L'absence de pluralisme ne caricaturait-il pas plutôt les institutions, les formations politiques et les médias qui ont tenté de faire croire que ce projet de constitution était la seule voie, inéluctable? Idée qui ne pouvait effectivement co-exister avec l'évocation de projets alternatifs.

C'était sans compter la méfiance qu'ont développée les Français à l'égard des marchands d'armes et de journaux (oui oui j'évoque au passage la concentration de la presse et les collusions d'intérêts). Le désaveux de nos "désinformateurs" par la population ne fait l'objet d'aucun commentaire ou analyse poussée. Auto-critique inexistante. Serait-ce "Une caste de privilégiés qui a peur de perdre ses privilèges..." que tu évoques?

S'il n'y a pas de plan B préétabli, dans les tiroirs de Bruxelles, il y a plusieurs plans D (comme démocratiques), à commencer, et c'était une de mes revendications les plus insistantes pendant la campagne, par le référendum, la consultation dans tous les pays (Italie, Allemagne...).

Les tenants du Oui, plus européens que moi disaient-ils, se satisfaisaient tout à fait de la procédure de ratification qui exclut bien des citoyens européens de l'enjeu. Ils expliquaient que l'Allemagne a pour tradition constitutionnelle de ne pas consulter sa population par référendum, et qu'il fallait respecter cela, que les Français n'ont pas cette même tradition (on me disait tu raisonnes comme un Français, arrogant, alors qu'il faut être européen et accepter les différences). Démagogie traditionnaliste qui tend à faire accepter ce qui existe, même lorsque cela ne se justifie pas. Les Pays-bas ont justement modifié leur constitution et permis à la population de s'exprimer par le vote.

Au lendemain du refus des deux tiers des populations consultées par référendum, les forces progressistes continuent de réclamer des consultations, du pluralisme dans les médias, d'organiser des réflexions communes lors des forums sociaux européens par exemple (en Grêce l'année prochaine).

Enfin, cette idée de néo-xénophobie de gauche est vraiment la pire que tu diffuses dans ce blogue. Cela n'est pas acceptable, A.Sharon en use et abuse à chaque fois qu'une critique est adressée à l'encontre de son action politique. Ces accusations, très graves, consistent à accuser d'antisémitisme les opposants (une soit-disant alliance "rouge/vert/brun"), visent à rendre inaudible notre discours (qui est tout sauf teinté de racisme), et invisible nos combats pour plus de droits.

J'aimerais vraiment, en ce jour de deuil pour moi (ma grand-mère polonaise Mamouchka est décéde ce matin, elle était venu à pied en France au lendemain de la guerre), que tu arrêtes de brouiller les cartes de la contestation du modèle européen tel que construit jusqu'à présent.

S'il y a eu refus, ce n'est pas comme tu le dis avec mépris "pour conserver les 10% de chômage que connaît la France". Plutôt que de nouveaux leaders, l'Europe a besoin de nouveaux mécanismes institutionnels.

Puisque le traitement médiatique du référendum t'interpelle, c'est dommage qu'on ne t'ai pas vu à la journée
CONSTITUTION EUROPEENNE, OÙ EST LE DEBAT DANS LES MEDIAS ?

Constitution européenne :

OÙ EST LE DEBAT DANS LES MEDIAS ?

TOUS PLACE DE L’EUROPE !

M° Europe / Paris 75008

le 9 mai 2005 à 18 h 00

Célébrons la journée de l’Europe et exigeons des médias un débat honnête et pluraliste ! le 9 mai 2005 à 18 h 00

OÙ EST LE DEBAT quand, entre le 1er janvier et le 31 mars 2005, toutes émissions confondues (JT, émissions politiques, émissions de divertissement), 71% des intervenants étaient favorables au « OUI » et quand, dans les journaux télévisés, les défenseurs de la constitution accaparaient 73% du temps de parole ?

OÙ EST LE DEBAT quand le CSA n’accorde qu’un tiers du temps de parole au « NON » ?

OÙ EST LE DEBAT quand le Président de la République préfère organiser un show télévisé à la gloire du « OUI » (que le CSA ne comptabilise pas dans le temps de parole du « OUI ») où il est interrogé par des patrons d’entreprises privées aux salaires astronomiques (Jean-Luc Delarue, Marc-Olivier Fogiel) plutôt que par des journalistes professionnels ?

OÙ EST LE DEBAT quand le biais des questions est tel que l’on est d’emblée dans un climat d’hostilité quand s’expriment les défenseurs du « NON », alors que la prévenance est de mise pour les partisans du « OUI » ?

OÙ EST LE DEBAT quand des journalistes (Quentin Dickinson, correspondant permanent de France Inter à Bruxelles, par exemple), des chroniqueurs (Bernard Guetta, chroniqueur à France Inter et l’Express ou Alain Duhamel, chroniqueur à RTL, Libération, Le Point, Nice Matin, Les Dernières Nouvelles d’Alsace, Le Courrier de l’Ouest par exemple), des présentateurs (Laurent Ruquier, présentateur sur France 2, par exemple) ou des patrons de presse (Laure Adler, directrice de France Culture ou Jean-Pierre Elkabbach, nouveau patron d’Europe 1, nommé directement par Arnaud Lagardère, par exemple) prennent ouvertement position pour le « OUI » ?

OÙ EST LE DEBAT quand la quasi-totalité des titres de la presse écrite font campagne pour le « OUI » (Le Monde, Libération, Le Point, Le Nouvel Observateur, Paris Match, etc.) se comportant comme des acteurs politiques partisans ?

OÙ EST LE DEBAT quand les « Tours d’Europe » que nous proposent les médias sont des « Tours de l’Europe du "OUI" » et les « experts » régionaux, avant tout, des défenseurs du projet de Traité constitutionnel ?

Journalistes, usagers des médias, syndicalistes, militants associatifs, citoyens, nous sommes tous concernés !

RASSEMBLEMENTS EN PROVINCE : même heure, même date

- BELFORT : à la fontaine de la rue piétonne (Faubourg de France)

- LILLE : rassemblement et manifestation de protestation devant FR3 (Bd de la Liberté)

- PERPIGNAN : rassemblement en collaboration avec ATTAC 66, l’Appel des 200 et de nombreuses autres organisations (bientôt tous les détails)

- QUIMPER : place de la Mairie (contact : krakenart@voila.fr ou quelennec@tele2.fr

Cyrille
 
Cher Cyrille,

1) "démagogie traditionnaliste" = je suis d'accord avec toi: le changement, quand c'est nécessaire, il faut y aller

2) "néo-xénophobie de gauche" : ça me paraît la donnée politique la plus intéressante du référendum passé. Il s'agit d'un incontestable qu'il y a eu des hommes politiques dans le camps du Non qui ont profité du contexte difficile pour fustiger l'ouverture du marché du travail aux Pays de l'Est.

3) en général sur ta fougue révolutionnaire que j'admire : sache que tu agis dans un contexte noir pour la France, donc très facile à être instrumentalisé. Mais que tous les pays européens dans lesquels des recettes plus flexibles ont été appliqués ont vu leur bien-être augmenter... voir l'Irlande avec cet article de Friedman sur le NYT http://www.nytimes.com/2005/06/29/opinion/29friedman.html?ex=1120795200&en=b9a32471109f1be6&ei=5070&emc=eta1
 
Salut à vous,

Juste une précision ! qui n'a (encore) pas grand chose à voir avec votre discussion ... tellement cette histoire de "démocratie européenne" semble se désincarner de toute réalité ... demander aux européens quelle Europe ils souhaitent construire ? Et pourquoi pas leur apporter des fleurs et un coktail pour qu'ils soient mieux installer pour la penser ! Ils n'ont qu'à aller la chercher leur démocratie !!! s'ils la veulent tellement, ils n'ont qu'à la faire ... mais là, je ne crois que du fond de nos confortables intérieurs cuirs, on ait vraiment la ressource ...

D'ailleurs en parlant de ressource... tu dis Adriano :

"La plupart des pays européens ont vu leur bien être "augmenté"..."

Alors que la plupart des études en matière de "bien être" montre démontre explique argumente précisement le fait qu'au dessus de 13 à 15 000 dollars de richesse créée par an et par habitant, le bien être ne croît plus et ceci dans la plupart des endroits de la terre (il faut corréler avec la répartition des richesse mais ça en Europe, on est globalement pas encore trop mal loti).

Que doit on en penser? Si on demande aux européens, va peut être falloir revenir sur quelques données économiques de base ... parce que la désinformation elle commence quand on entend la bourse le matin à la radio, et elle n'a aucun rapport ni avec l'Europe, ni avec les différents pays qui la compose ...

Enfin, dans le projet de politique de cohésion européenne (pour un bout de temps en discussion), les indicateurs utilisés sont encore basés sur le PIB ... ça nous promet de belles années ...

Aurélien

PS : milles excuses pour mes contributions décalées mais on a déjà du mal à intéresser les gens à ce qui se passe en bas de chez eux, alors de là à les intéresser à la démocratie européenne ... vu ce qui se passe, le doute persiste ...
 
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