mercredi, mai 04, 2005

 

Textile chinois, où était Fabius?

Renato Ruggiero n’est pas n’importe qui. Ancien numéro un de l’Organisation mondiale du commerce (OMC en France, WTO ailleurs) il sait bien d’où sort le dernier épouvantail qui, après la directive Bolkestein, est en train de monopoliser les craintes des Français : l’industrie textile chinoise. Qui serait en train de tuer les pauvres textiles européens.
Eh bien, pour Ruggiero qui répondait hier aux questions du Corriere della Sera, « l’Europe se réveille un peu tard ». La levée des barrières douanières a été en effet décidé en 1995, en laissant ainsi dix ans aux gouvernements du Vieux Continent pour s’adapter. « Mais – poursuit Ruggiero – jusque là rien n’a été fait. Il n’y a pas eu, dans nos pays, une nécessaire adaptation du secteur à ces nouveaux défis ».
Le même jour où Ruggiero prenait la parole dans la sphère médiatique italienne pour expliquer que le scandale du textile chinois ne sort pas de nulle part, Laurent Fabius (photo), membre éminent de la francosphère, essayait ainsi de justifier son « non » à la Constitution européenne : « l’Europe n'a pas d'institution en matière économique et sociale qui permette une harmonisation. Ce que nous vivons actuellement, s'agissant du textile, avec la Chine, va arriver bientôt avec le meuble et l'automobile ».
D’où la question : où était Fabius quand, Ministre des Finances jusqu’en 2002, le gouvernement français aurait pu faire quelque chose pour adapter son secteur textile à l’échéance de 2005 qui était déjà, comme le rappelle Ruggiero, connue par les capitales ?

Comments:
Je rajouterais que la concurrence de la Chine est aussi, sinon plus nocive pour les pays d'Europe centrale ou orientale (PECO) que pour l'Europe de l'Ouest... Incroyable, donc! Même les salots polonais - ceux qui bouffent nos emplois - souffrent de la mondialisation!!
 
Bon sang, mais c'est vrai, on aurait pu se préparer à l'arrivée des textiles chinois, comment n'y a-t-on pas pensé plus tôt !
C'était simple poutant :
Il suffisait de construire nous aussi des dortoirs à côté de nos usines (dortoirs pour les hommes, dortoirs pour les femmes), de faire travailler 14 heures par jours, voire plus, les ouvriers, de payer toute cette main-d'œuvre 5 ou 10 € par mois pas plus, d'interdire les syndicats et d'emvoyer les éventuels récalcitrants dans des camps de rééducation à régime sévère…
Et là, miracle, nous étions aussi compétitif que les chinois !!!
D'ailleurs à l'OMC, au Club de Davos, on n'attend qu'une chose : que la constitution eupéenne passe pour que les européens soient livrés pieds et poings liés face aux "lois du marché", et donc que les conditions de travail en Europe s'alignent sur celles de la Chine dans un souci, bien sûr de "compétitivité"…
 
Se préparer à l'ouverture des frontières voulait dire:

1) miser sur l'innovation (il n'y a pas que les hommes pour coudre vos chaussettes; les hommes en revanche peuvent projeter, breveter = travail à haute valeur ajoutée pour nos ingénieurs)

2) aider avec des amortisateurs sociaux les travailleurs : en 10 ans, changer de boulot on le peut

Car, cher Monsieur, si on devait raisonner comme vous, eh bien, on serait encore à fabriquer du métal et à polluer nos villes... et les écolos, que diraient-ils ? On roulerait encore en carrosse etc. etc.
 
Salut,

Pour ton argument 1), je te signale quand même qu'il ne peut pas y avoir que des ingénieurs en France et pour ton argument 2), c'est bizarre, tu conseilles d'aider (aides publiques?!) les reconversations vers d'autres secteurs, ça s'appellerait pas fausser la concurrence par hasard ? Etrange pour un adorateur de la concurrence libre et non faussée mais c'est assez habituel comme raisonnement : "Faîtes ce je dis!" (Pas ce que je fais...)

Ensuite, Adriano raconte à Eric :
"Car, cher Monsieur, si on devait raisonner comme vous, eh bien, on serait encore à fabriquer du métal et à polluer nos villes..."

Figures-toi qu'on fabrique encore des métaux ... de moins en moins ... merci le "libre-échange" total.

En ce qui concerne la pollution des villes, ne t'en fais pas, c'est quelque chose de stable. Et pour la petite histoire, prendre les déchets des villes pour les mettre à la périphérie ne résoud pas grand-chose si ce n'est l'apparence du court terme en défaveur de la réalité du long terme. C'est exactement comme délocaliser les industries polluantes en Chine... Ca n'arrange rien à l'environnement au contraire étant donné les normes environnementales en Chine.

NON à la Constitution Européenne.
 
Cher Nemesis (on sent déjà le ressentement dans ce nom : du calme, les gars, du calme :-)) je vais répondre:
1) ok mais c'est mieux des Français ingénieurs qu'ouvriers, non ? En économie, ça s'appelle emplois à haute valeur ajoutée;
2) défendre le libre-échange des critiques de ceux qui veulent le détruire ne veut pas dire être contre des réformes nécessaires au système libérale de nos économies. C'est un vieux (plus d'un siècle !) débat entre communists (maximalistes) et sociaux-démocrates. Je pense que vous devriez remettre vos pendules à l'heure de l'histoire !
Car des deux choses l'une :
a) soit vous êtes CONTRE le libéralisme en tant que système. Et alors je vous conseillerais des endroits bien chauds comme Cuba ou on mange bien (et surtout beaucoup !) comme la Corée du Nord qui prouvent l'échec historique de ces modèles.
b) soit vous pensez comme moi que le système liberal doit être REFORME, régulé.
Mais attention : c'est ce que prévoit justement la Constitution européenne : vous rendez-vous compte qu'on y règle l' "exception culturelle" ?? Vous savez que les Anglais n'ont même pas de mots pour ça ? Et les "servics d'intérêt général" ?
Ce que la télé ne vous dit pas, c'est que cette Constitution est une Constitution française à 100% : c'est pour ça que les "Européens" ne comprennent pas ceux qui veulent voter "non". Si vous ne vouliez pas Chirac qui vous représenté lors des négociations, vous n'aviez qu'à voter Jospin en 2002. Or, c'est précisément les supporters du "non" qui ont amené Le Pen au 2ème tour. French paradox... :-(
 
Sans vouloir être toujours rabat-joie je tiens à répondre à Adriano :

Qu'il vaut mieux être ouvrier avec un travail, un salaire digne et dans un pays où existe une législation du travail qu'être ingénieur au chômage ou avec un emploi sous-payé et dans un pays où la législation du travail s'est effacée au profit (c'est le cas de le dire) de la "loi" du marché.
 
Mmm... :-) oui ! Mais est-ce que l'alternative est celle-là ? ça me paraît un peu simpliste...
 
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