Faraoui

Adriano,

C'est vrai quoi, les Français ils ne votent pas comme on leur dit!
Un sentiment de méfiance vis-à-vis du texte aparaît dans les sondages (j'en profite pour te rappeler que les sondages ne sont pas la Vérité, à manipuler dans tous les sens... un peu de recul... avril 2001...).

Exposer, discuter, réfuter, douter ne sont pas la Honte de la France! Je t'assure je préfère que les Français doutent et s'interrogent devant les 448 articles (sans les protocoles, annexes et déclarations du Praesidium), plutôt qu'ils votent OUI par PEUR d'être taxés de franchouillards, égoïstes à la mémoire courte... des arguments que tu avances qui sont très pauvres.

Malgré la censure dans les universités pour exposer des arguments contradictoires, malgré la sortie de réserve de 2 membres du Conseil constitutionnel pour appeler à voter OUI (au sein du Conseil, S.Weil et V-G d'Estaing sont aussi les juges des élections). Malgré le matraquage médiatique (lis les études de médiamétrie, les budgets consacrés, l'appel des syndicats de journalistes http://www.appel-info-impartiale.ras.eu.org/petitions/ ... soit un peu critique!), les Français ont le sentiment (pas une vision claire soit) qu'on les trompe. Sans avoir lu le texte, les Français peuvent légitimement être méfiants devant tant d'unanimisme propagandaire.

Et là PAF, tu nous refais le coup de la peur: ne soyez pas castristes (seule façon d'être anti-libéral selon toi) ni lepenistes (seule façon dont tu rends compte du malaise social et démocratique). C'est très réducteur, l'amalgame n'est pas loin... Tu insinues que le non est dominé par l’extrême droite. Avec cette stigmatisation flétrissante il s’agit de pousser les indécis vers l’abstention ou vers un oui de résignation. Faute d'arguments?

Pour une vision plus large, pour ne pas céder à la perspective franco-française, parlons justement des autres pays européens. Le déficit démocratique autour du traité constitutionnel devrait révolter l'Européen et le journaliste que tu es!

42% le plus faible taux de participation jamais enregistré en Espagne (même s'ils ont engagé Zidane pour faire une campagne certainement très «pédagogique», les promoteurs du OUI n'ont pas su donner un souffle démocratique légitimant à ce référendum CONSULTATIF)

9 pays seulement permettent aux citoyens européens de s'exprimer par référendum (3 de ces référendi sont simplement CONSULTATIFS).

Dans les autres pays comme en Allemagne, il y a aussi des organisations progressistes anti-libérales, étudiantes, écologistes, des individus ne vivant pas à Paris rive-gauche, qui aimeraient bien débattre. La société civile européenne qui n'approuve pas le projet de Constitution est à différencier des organisations nationalistes et d'extrême-droite qui sont présentes partout.

Je suis européen, nous sommes européens, ni toi ni Café-babel n'a le monopole des échanges d'idées européennes, il n'y a pas une unique vision de l'Europe.
allez
On parle du texte un peu?????
Cyrille
 

Bonjour,

Pourquoi est-ce que vous dites que vous êtes pour le oui sur ce blog et le contraire sur cet autre site ?

http://adriano.farano.votenon.org/

quelle est votre position en fin de compte.

Enrique
 

J'explique aux utilisateurs de ce blog qui acceptent un débat franc, sans langue de bois et sans malhonnêté que l'adresse proposée par "Enrique" est une fausse adresse, générée automatiquement et sans aucun consentement de ma part. Je prendrai les mesures nécessaires avec les auteurs de ce canular. Quant aux autres : bienvenue dans ce blog, et donnez place à vos idées !
 

Bonjour Cyrille et merci pour ton post : très constructif, réflechi et sensé.

Je voudrais te dire en revanche qu'il n'y a aucun monopole de l'Europe : ni de ma part, ni de café babel :-)

Et café babel n'est pas pour le oui mais, cohérent avec lui-même, se pose résolument en espace de débat sans frontières, multi-langues et pan-européen. Voilà les preuves :

1)Nous avions défini la Convention "un flop" dès 2003 http://www.cafebabel.com/fr/dossier.asp?id=51
2)En 2004, nous disions : La « Constitution » ne suffit pas. L’Europe a besoin d’un élan fédéraliste pour affronter les défis de demain http://www.cafebabel.com/fr/article.asp?T=T&Id=2668
3)Nous nous demandions en 2005, tout récemment : « Le néolibéralisme tuera-t-il l'Etat providence ? » http://www.cafebabel.com/fr/dossier.asp?id=157

Quant à moi, si tu lis ce que j’écrivais en 2003 http://www.cafebabel.com/fr/article.asp?T=T&Id=620 tu me réconnaîtrais pas. Ce serait une erreur. Ma position reste celle d’un fédéraliste convaincu : je pense toujours que la Constitution ne démocratise pas à fonds les institutions de cette belle Europe. MAIS je n’ai – jusque là – entendu personne, et je dis bien PERSONNE travailler :

1) pour une alternative sérieuse, viable et cosntructive à cette Constitution
2) en le faisant avec des partenaires de tous les pays européens

Si tu veux, Cyrille, je n’ai pas vu de mouvement de renouveau, qui regardent vers l’avenir, qui cherchent et proposent des solutions concrètes et qui le font avec des gens de plusieurs pays. Ce que je vois c’est soit du franco-français napoléonien en sauce « alter », soit des mesures qui apporteraient seulement la misère et la pauvreté à l’Europe et au monde.

Pourquoi alors voter oui ? Car l’alternative, aujourd’hui, est entre le Traité de Nice et la Constitution. Point. Où sont les « Constitutions » alternatives, des projets d’avenir plus démocratiques ? Moi je n’en vois pas. Je préfère donc des petites modifications qui ne sont pas à négliger et qui permettront à la construction européenne d’avancer. Le reste, c’est des (belles ou, plus souvent, très moches) paroles.
 

Salut Cyrille, salut Adriano,

Juste quelques mots que je reprends d'un article de Baudrillard (édité dans libération après notre 21 avril préféré) : "Au royaume des aveugles"

Il n'y a pas une seule façon de rendre compte du malaise social (à ATTAC il y a sûrement des débats interessants à ce propos d'ailleurs) mais Cyrille, il faut reconnaitre que Le Pen est une icône chérie, et ce même par la classe politique (il a le droit a tellement d'égards finalement ...) il est "la vérité de la situation", "la dérision absolue" ... et les journalistes, effectivement, devrait éviter de s'en référer trop souvent à lui ... histoire de ne pas continuer à pervertir le débat ... quoi qu'il en soit, comme Baudrillard l'explique très bien, "Le Pen incarne quelque chose d'autre que les idées politiques ou un ressentiment catégoriel - quelque chose de tenace et d'obscur, de réfractaire à la raison politique et qui se régénère de cette dissidence".
Le non dont nous parlons tient quelque part de cet état de fait n'est ce pas ? Et dans ce cas, il est bel et bien franco-français... Mais pas mal d'européens ne sont pas loin d'avoir le même ressenti ... peut être que dans quelques années, on pourra parler de crise européenne de la représentation politique ... Beaucoup des représentants politiques portant si tristement le deuil de leur représentation ...

Alors dans le fond, ce NON pourrait être justifié en ce qu'il vient sanctionné non pas la politique de droite ou / ou de gauche mais le tableau politique fançais en général. Dès lors de 2 choses l'une :
* L'Europe et les européens ont les moyens de transcender ce trite tableau. Alors il n'est pas justifié. (j'ai la faiblesse de le croire)
* L'Europe et les européens n'incarnent pas de renouveau du politique ... dès lors, que penser de ce non ... personnellement, je préfèrerai alors m'éloigner de Paris ... ça sent le sapin ...

Dans un cas comme dans l'autre, on ne peut pas attendre des autres le coup de pied au cul que l'on devrait se donner ... mais s'ils peuvent nous aider à prendre de l'élan ... pourquoi pas ... ? J'aime autant que ce soit les européens qu'ils le fassent ...

Par ailleurs, certains des plus illustres partisans du NON sont, à l'image de M. Nikonof, frappés d'incontinence verbale ! Ils disent tout et son contraire, ils vomissent et s'accrochent chérissant de fait la position de M. Le Pen sur l'échiquier politique de ces dernières années : hors jeu, exclu, allant même jusqu'à retourner contre eux les armes de cette même exclusion ... un peu à l'image d'une partie de la population que la comédie politique commence à agacer sérieusement ... mais on ne peut pas leur reprocher, ça c'est de la politique. Et bien de nos représentants devraient s'en inspirer ... mais le choix du NON ne me semble définitivement pas être le bon.

Le problème des partisans du OUI, c'est qu'une fois n'est pas coutume, ils ont stigmatisé le non au nom de la vertu... Ils lui ont ainsi assuré une position confortable, où il n'a plus qu'à "rafler toute la charge symbolique d'ambivalence, de dénégation du mal et d'hypocrisie que produisent spontanément à son profit et comme à sa solde, ses adversaires se réclamant du bon droit et de la bonne cause".

Bien le bonsoir !

Votons OUI et ayons un bon outil pour penser l'Europe ! surtout si on n'est pas d'accord !

Aurélien
 

Puisque Adriano craint les dérives totalitaires (et c'est heureux), voici un lien vers la page qu'un professeur de droit (et défenseur de la démocratie) a consacré à la constitution.

http://etienne.chouard.free.fr/Europe/

C'est précis, documenté, implacable…et lisible.

Mais Adriano est-il curieux ?
 

Cher Monsieur,

ce qu'a écrit (il y a longtemps déjà, vous venez de le découvrir?) Chouard "le Prof" est intéressant. Et, pour certaines choses, il a le mérite - justement grâce à ce débat référendaire qui est TRES IMPORTANT pour la France - de souligner l'urgence du déficit démocratique de l'Union européenne. Mais, si vous voulez une Europe démocratique, sachez qu'il faut la construire ! et qu'aucun des leader politiques du camps du non n'a pris l'initiative de le faire avec un projet sérieux construit avec des partenaires européens. Quand il s'agit d'Arlette L. ou de Philippe d.V. on peut le comprendre. Mais quand cette inertie vient d'un Laurent F. qui connaît très bien les milieux du pouvoir pour y avoir été, ces critiques surprennent...

Bref, tant qu'il n'y a pas d'alternative radicale, démocratique et fédérale au Traité constitutionnel, on ne peut pas se permettre le luxe de bloquer la construction européenne. Car, les seuls qui sont organisés en Europe et qui ont une alternative très claire, c'est les Le Pen, les Haider et les Bossi.
 

Les Haider, Le Pen et les Bossi sont aux milieux politico-médiatico-(financiers) ce que la muletta (la cape rouge) est au toréador.

A chaque élection, on agite (ou fait s'agiter) Le Pen (ou ses copains) comme la muletta du toréador.

Et le taureau électeur (ou plutôt dans ce cas là le mouton…) ne voit plus qu'elle, négligeant l'épée du toréador qui va le mettre à mort.

Mais la bêtise d'un taureau a ses limites car jamais un taureau ne voterait pour un toréador…