mardi, octobre 18, 2005

 

Berlusconi ou la fin du bipolarisme à l'italienne

Quelques mois avant les élections législatives italiennes, Silvio Berlusconi veut changer les règles du jeu électoral et revenir à un canevas de représentation proportionnelle, synonyme d’une instabilité qu’il a pourtant lui-même constamment combattu.

Berlusconi et Prodi, symboles du bipolarisme à l'italienne (Commission Européenne) Mélange des pouvoirs, conflits d’intérêts entre son rôle de politique et de magnat des médias, mépris de l’institution judiciaire : on peut certes affubler le Président du Conseil italien Silvio Berlusconi de tous ces maux. En réalité - et du moins jusqu’à aujourd’hui- il lui revient un mérite : celui d’avoir favorisé l’émergence d’un système bipolaire dans la péninsule italienne. Après des années de turpitudes publiques et d'instabilité inégalées en Europe.

Le système Mattarellum

Avec son arrivée inattendue dans l’arène politique peu de temps avant les élections de 1994, le milliardaire d’Arcore a su fonder une coalition de centre-droit, baptisée « Pôle de la Liberté », seule alternative à un parti de centre-gauche savourant déjà sa victoire dans une bataille sans adversaire digne de ce nom. Le résultat des courses fut surprenant : le « Pôle de la Liberté », comblant le vide laissé par la dissolution du parti Démocrate-Chrétien au sein de l’électorat moderne, conquit la majorité au Parlement et remporta la présidence du Conseil.

Evidemment, ce gouvernement ne dura pas, la faute entre autres, au désaccord entre syndicats autour de la réforme des retraites. Berlusconi néanmoins parvint à consolider sa coalition grâce à une alliance décisive avec la « Ligue du Nord » d’Umberto Bosi, un parti de droite aux accents régionalistes, qui le conduisit à la victoire électorale de 2001. Cette fois, Berlusconi aura mené au pouvoir le plus long gouvernement de l’histoire de la République italienne et incarnera probablement le premier politique à terminer le cycle entier de cinq ans de gouvernement prévu par la Constitution nationale. Berlusconi doit probablement cette performance à un système électoral désigné sous le nom de « Mattarelum » : un système de vote à la majorité que les Italiens ont préféré à l’ancienne méthode de la proportionnelle lors du référendum de 1993. Ce dernier modèle ne faisait en effet que garantir l’instabilité gouvernementale comme en témoigna en 1972, le bref passage au pouvoir en 1972 du cabinet Andreotti, pendant 9 jours très exactement.

Pouvoir personnel prime sur la stabilité

Aujourd’hui en revanche, le leader du centre-droit italien semble surtout souhaiter détruire cette crédibilité internationale que l’Italie a péniblement gagnée –et pas seulement grâce à lui-même- depuis 1994. Berlusconi est actuellement en train d’essayer de faire approuver une réforme électorale qui envisage un retour à la représentation proportionnelle pure. Certes, le nouveau système préconise un (maigre) « prix de majorité » pour la coalition gagnante mais ses effets seraient dévastateurs pour la stabilité de la démocratie italienne. Non seulement les partis redeviendraient des acteurs absolus mais l’émergence d’une troisième coalition de chrétiens-démocrates deviendrait indispensable au fonctionnement de n’importe quelle coalition de gouvernement. Détruisant ainsi ce bipolarisme si chèrement acquis.
Fait encore plus surprenant, cette proposition de réforme intervient près de 6 mois avant les élections générales de 2006, sans le moindre accord conclu avec l’opposition. L’objectif de Berlusconi est en fait de bouleverser la stratégie du leader de centre-gauche, Romano Prodi, basée sur un système majoritaire. L’ex-président de la Commission européenne qui n’est pas à la tête d’un parti unique s’est toujours présenté comme le leader d’une large coalition formée de diverses sensibilités politiques. Le geste de Berlusconi équivaut ainsi à un cadeau empoisonné à un Prodi désigné par les sondages comme le vainqueur probable des élections.

Berlusconi veut ainsi compromettre la manoeuvre de Prodi et lui rendre impossible l’accès au pouvoir avec un système proportionnel visant, de facto à instaurer une instabilité. Le problème ? La victime de ces intrigues restera l’Italie, une Italie en déclin, déjà fragilisée en terme de compétitivité et de réformes à effectuer. Une Italie pour qui il en va, en outre, de sa crédibilité à l'échelle européenne.

Publié sur café babel le 13 octobre 2005

vendredi, octobre 07, 2005

 

Signez la pétition pour un Statut de l’association européenne !

Européens, Européennes, Signez la pétition pour un Statut de l’association européenne !

Depuis 1991 les institutions européennes étudient la proposition de créer un Statut de l'association européenne. Ce statut autoriserait la création d’associations sans but lucratif pouvant agir et être reconnues sur l’ensemble du territoire européen, ce qui permettrait de :
- développer une véritable société civile européenne ;
- contourner les obstacles à la liberté d’association qui existent encore dans certains Etats membres.

Or, le 27 septembre 2005 la Commission européenne a inclut cette proposition dans une liste noire de 68 propositions à retirer car définies « largement obsolètes » ou, comme l’a dit M. Barroso « paperasserie » (en anglais « red tape »).

Au moment où l’Europe traverse une crise démocratique majeure, suite au refus des électeurs français et néérlandais d’approuver la Constitution européenne, cette initiative de la Commission semble « paradoxale », comme explique Nicola Dell’Arciprete, le Président de Babel International, dans son article du 6 octobre. Pour lui, comme pour tous les citoyens qui ont à cœur la démocratisation de l’Europe, les associations européennes ne sont pas de la « paperasserie » ; elles méritent plutôt un « tapis rouge » !

Babel International, l’association qui édite café babel (www.cafebabel.com) avait déjà présenté en 2002 une pétition au Parlement européen demandant la « mise en place d’un statut d'association européenne ».

Aujourd’hui, café babel appelle tous ses lecteurs à :

- Dire « non » au « red tape »… en signant une nouvelle pétitition adressée à M. Barroso demandant de retirer la proposition de Statut de l’association européenne de la liste noire de paperasserie (« red tape ») et d’appeler le Conseil de l’Union européenne à approuver ce Statut dans les meilleurs délais ;
- Dire « oui » au « red carpet »… en participant à la démonstration qui aura lieu le mardi 11 octobre à 13 :00 en face du Berlaymont, siège de la Commission où on déroulera symboliquement un tapis rouge (« red carpet ») pour les associations européennes.

Liens utiles
Statut de l’association européenne
Liste noire de la Commission

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