lundi, mai 30, 2005

 

Le vote de toutes les peurs

C’est un vote dicté par la peur, celui de dimanche 29 mai. La peur de l’étranger, du plombier polonais, des délocalisations. Un vote irrationnel aussi car ce n’est pas en votant « non » que le malaise social français sera parti.

Mais ce qui est le plus dur à accepter pour quelqu’un qui dans ce pays vit et habite, travaille et discute, c’est que ce vote a vu converger dans une parabole décadente l’extrême droite la plus xénophobe avec la gauche la plus conservatrice. C’est le triomphe de toutes les peurs, l’épiphanie d’un nombrilisme arrogant et inconcluant.

Mais comment a-t-on pu en arriver là ? La faute aux Français, bien sûr : c’est du moins la consolation de la démocratie, on connaît les coupables… Ces mêmes Français qui déclaraient, à la sortie des urnes, avoir voté « non » en masse sans penser à la situation européenne mais uniquement au malaise national. Un problème culturel, donc : celui d’arriver à se permettre le luxe de prendre l’Europe comme bouc émissaire.

Mais cette erreur, la France va le payer cher, très cher. Dimanche soir, le Pays des Lumières sort de l’histoire. Cela a été un long chant du cygne. De puissance mondiale à puissance moyenne, la France est aujourd’hui un pays impuissant qui ne s’assume pas. Un pays qui en veut à l’Europe parce que Bruxelles veut imposer compétition et dynamisme, qui veut garder ses privilèges et son 10% de chômeurs, qui préfère pauvreté à flexibilité, préférence nationale à ouverture cosmopolite, repli sur soi à une aventure européenne qui restera bloquée, maintenant, pendant des années.

Hier soir à Paris, il pleuvait des cordes. Que la catharsis commence…

vendredi, mai 27, 2005

 

Le Plombier polonais, star de la campagne

Laurent Fabius? Jacques Chirac? Non, la vrai star de la campagne est sans aucun doute lui, l'effroyable, le méchantissime, l'inquiétant... PLOMBIER POLONAIS ! Lui, qui va casser les prix des déjà pas du tout chers (surtout à Paris) bon vieux plombiers français... Lui avec sa caisse d'outils à libéralisme et concurrence (Quel horreur !)... Lui qui a matérialisé toutes les peurs d'une gauche noniste très teinté - il faut le dire - de populisme à deux balles (ou à 2 zlotys).
En réalité, Libération d'aujorud'hui prouve exactement le contraire: Zbigniew Bachman, président de la chambre d'industrie et de commerce du bâtiment à Varsovie avait été informé que dans la ville d'Arras on lançait un appel d'offres pour 18 000 heures de travail de plomberie pour la réfection d'un vaste bâtiment. «J'ai cherché des candidats, mais en Pologne, les plombiers sont très demandés et franchement ils n'ont pas tellement envie de partir » - explique-t-il. Par ailleurs, selon le ministère du Travail français, seuls 5 537 Polonais sont allés en France, pour la période du 1er mai 2004 au 28 février 2005.
Et Jacques Rupnik, chercheur au Ceri (Centre d'études et de recherches internationales) de conclure: "En Europe centrale, les gens sont stupéfaits devant le débat français. D'abord, dans leur esprit, cette Constitution est un projet français qui renforce la position de Paris. Ensuite il y a, pour eux, un vrai basculement dans l'attitude de la France à leur égard. Les Polonais se souviennent de l'enthousiasme avec lequel la gauche avait soutenu le combat de Solidarnosc. Aujourd'hui c'est la figure honnie du plombier polonais venu manger notre pain. J'entends des propos très sévères sur le défaitisme français et sur le repli sur soi. Un ami tchèque se demandait récemment si on n'allait pas assister à un nouveau Munich, marquant la coupure symbolique de la France avec l'Europe centrale. Un non pourrait être interprété comme un rejet de ces pays qui ont eu le malheur de se trouver du mauvais côté du Rideau de fer après 1945." A bon entendeur...

Links
http://www.liberation.fr/page.php?Article=299494
http://www.liberation.fr/page.php?Article=299492

 

Je veux un vote à la Liverpool !

Bon vieux Giscard d'Estaing... Dans une interview, hier, il a lancé: «Ce matin, dans vos sondages, vous dites 'c'est Milan qui va gagner', eh bien, pour moi, c'est le vote Liverpool qui va gagner», a-t-il expliqué sur RTL. Mené 3-0 à la mi-temps par le Milan AC, Liverpool a réussi mercredi soir l'incroyable exploit de renverser la vapeur pour s'imposer 3 tirs au but à 2 (3-3 à l'issue des prolongations) en finale de la 50e édition de la Ligue des champions à Istanbul. Pour une fois, nous soutenons résolument l'ancien Présidentissimo. Vive Giscard, vive Liverpool ! Tous les Européens espèrent que les Français disent... le contraire du NON...

Communication de service: dimanche soir, je commenterai les résultats du référendum sur la chaîne de TNT Direct 8

jeudi, mai 26, 2005

 

Cinquante bonnes raisons de dire NON… à la Constitution française

Des amis espagnols me signalent cet appel... urgent !

1) La constitution de la 5e République est ultralibérale.
2) La constitution de la 5e République n’interdit pas la peine de mort.
3) La constitution de la 5e République ne mentionne pas explicitement les droits sociaux.
4) La constitution de la 5e République ignore l’existence des services publics.
5) La constitution de la 5e République ne prévoit pas de salaire minimum.
6) La constitution de la 5e République ne fixe pas une limite au temps de travail hebdomadaire.
7) La constitution de la 5e République n’interdit pas la traite des êtres humains.
8) La constitution de la 5e République ne dit rien sur le clonage reproductif.
9) La constitution de la 5e République ne reconnaît pas le droit à avortement.
10) La constitution de la 5e République est ultralibérale.
11) La constitution de la 5e République ne fait pas référence à la Révolution française.
12) La constitution de la 5e République ne fait pas référence à quatorze siècles de monarchie.
13) La constitution de la 5e République ne fait pas référence au passé gallo-romain de la France.
14) Le mot « laïcité » ne figure pas dans la constitution française.
15) Le mot « solidarité » n’est pas cité pas dans la devise de la République.
16) Le mot « bleu » figure une fois dans la constitution française. C’est une constitution réactionnaire.
17) Le mot « rouge » figure une fois dans la constitution française. C’est une constitution communiste.
18) Le mot « blanc » figure une fois dans la constitution française. C’est une constitution non alignée.
19) Le mot « armées » est cité deux fois dans la constitution française. C’est une constitution militariste.
20) La constitution de la 5e République ne définit pas les frontières du territoire français.
21) La constitution de la 5e République est ultralibérale.
22) La constitution de la 5e République autorise l’opting-out pour l’Alsace-Moselle (régime concordataire).
23) La constitution de la 5e République ne reconnaît pas l’exception culturelle bretonne.
24) La constitution de la 5e République permet aux Corses de ne pas payer d’impôt sur les successions.
25) La constitution de la 5e République encourage le dumping social entre l’Auvergne et le Limousin.
26) La constitution de la 5e République n’impose pas l’harmonisation fiscale entre la Métropole et les départements et territoires d’Outre-mer.
27) La constitution de la 5e République ne lutte pas contre les paradis fiscaux aux marges du territoire national (Andorre, Monaco, îles anglo-normandes)
28) La constitution de la 5e République ne permet pas de lutter contre les délocalisations.
29) La constitution de la 5e République ne contre pas la déferlante du textile chinois.
30) La constitution de la 5e République est ultralibérale.
31) Le préambule de la constitution de la 4e République affirme « le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi », mais pas celui de recevoir un salaire. C’est un texte esclavagiste.
32) La constitution de la 5e République inclut en filigrane la directive Bolkestein.
33) La constitution de la 5e République n’interdit pas la corrida.
34) La constitution française ignore les produits bio et le tri sélectif des ordures ménagères.
35) Les valeurs alter mondialistes ne sont pas présentes dans la constitution française.
36) Le Sénat n’est pas élu au suffrage universel (art. 24). C’est antidémocratique.
37) Le Conseil constitutionnel peut censurer le Parlement (art. 62). C’est antidémocratique.
38) La Cour des comptes ne peut être saisie par le citoyen (art. 47). C’est antidémocratique.
39) Le Conseil économique et social (art. 69) n’a qu’un avis consultatif. C’est antidémocratique.
40) La constitution de la 5e République est ultralibérale.
41) La constitution de la 5e République ne propose pas un grand projet pour la France.
42) La constitution de la 5e République ne fera pas avancer la France sociale.
43) La constitution de la 5e République a été rédigée par un groupe de technocrates non élus.
44) La constitution de la 5e République ne peut être révisée à l’initiative populaire.
45) La constitution de la 5e République n’a pas été validée par l’Académie française.
46) La constitution de la 5e République est un recul social par rapport à celle de la 4e République.
47) La constitution de la 4e République est un recul démocratique par rapport à celle de la 3e République.
48) La constitution de la 3e République est un recul romantique par rapport à la celle de la 2e République.
49) La constitution de la 2e République est un recul moral par rapport à la constitution de la 1e République.
50) La constitution de la 5e République est ultralibérale.

Il est donc urgent de dire NON à cette CONSTITUTION qui graverait le gaullisme dans le marbre et qui rendrait impossible toute politique de gauche pendant au moins 50 ans. Courage, 47 ans ont passé depuis 1958…

mardi, mai 24, 2005

 

Débat à Paris le 26 mai

Ce blog signale avec force le débat:
« Constitution européenne : l'heure de vérité ! »
Comprendre, débattre, 3 jours avant le referendum

A quelques jours du referendum en France, nombreux sont ceux pour qui le choix en faveur du OUI ou du NON à la Constitution n'est pas fait. Plus la campagne politique progresse, plus il devient difficile pour les citoyens de démêler le vrai du faux des arguments idéologiques et se faire une idée claire sur le texte.

François-Xavier Priollaud, 29 ans, co-auteur du livre La Constitution européenne paru à la Documentation française, répondra à toutes vos questions dans un maximum de clarté et d'objectivité.
Tobias Troll, rédacteur en chef de la version allemande de café babel, animera le débat autour d'un public de 70 personnes.

Pour un débat sans vedettes, sans invités politiques, où le public est placé au cœur de l'événement.
Lieu : Maison des Initiatives Etudiantes, 50 rue des Tournelles, 75003 - M° Bastille
Date : jeudi 26 mai 2005
Horaire : 19h à 20h30 - Accueil à 19 h précises !
Inscription obligatoire : info@cafebabel.com ou par téléphone 01 42 71 85 53 (Nuala Morgan)

lundi, mai 23, 2005

 

Les malades d'Europe

Etrange coïncidence, dans les kiosques, cette semaine. Les deux hebdos anglosaxons de référence, Newsweek et The Economist , consacrent leurs couvertures à deux « grands » pays européens. Pour le premier, Chirac est le « Dinosaure d’Europe » : arrogant, incapable de réformer la France, de lui donner une ligne politique claire. Pour le deuxième, l’Italie est « le vrai malade d’Europe » : comme naguère l’Empire Ottoman, le BelPaese (officiellement en récession) serait en passe de décliner inexorablement, la faute à un système social vieux et inapte aux nouveaux défis de la modernité. Quelles les similitudes entre ces deux exemples ? Les deux grands voisins européens – qui, avec l’Allemagne, représentent 70% du PIB de la zone Euro – sont le symbole de la « Vieille » Europe : une partie de plus en plus minoritaire d’un continent qui peine à se réformer. C’est de là que viennent les grands drames sociaux (chômage à deux chiffres, stagflation…) que l’on trouve aujourd’hui à la source du mécontentement qui risque de primer dans les urnes le 29 mai. La France et l’Italie sont malades. La faute à leurs leaders nationaux, surtout pas à l’Europe !

jeudi, mai 19, 2005

 

Duel Le Pen-DSK : la recette gagnante pour le Oui

C’est la dernière mode du moment : beaucoup de voix se lèvent dans le camp du Oui pour réclamer un débat télévisé entre Chirac et Fabius sur le modèle de celui entre Mitterand et Séguin qui permit au Oui de l’emporter lors du référendum sur le Traité de Maastricht en ’92. Mais cette théorie est trompeuse. Aujourd’hui, l’aguille de la balance ne sont pas les électeurs de la majorité présidentielle, mais ceux de l’opposition. C’est pour cela qu’il faut qu’un leader charismatique du PS – DSK est le moins pire – puisse se battre avec le vrai leader du camp du Non – celui qui sortirait gagnant d’une victoire du Non pour la majorité des Français (voir post du 10 mai) : Jean-Marie Le Pen. Pour déplacer le débat de la 3ème partie (qui est déjà en place) à la 1ère partie du Traité : la vrai nouveauté de ce Traité. Pour faire valoir l’argument qui consiste à dire que cette Constitution fait avancer l’Europe politique. C’est une vérité irréfutable que nous avons trop rarement entendu motiver et expliquer dans cette campagne.

 

Concours d'affiches

Continuons cette galerie de créativité avec, cette fois-ci, le peuple autochtone, car c'est quand même un referendum français ! Ici, à gauche, l'affiche du Parti Radical : "cherchez l'erreur".
Une invitation aux lecteurs de ce blog : signalez les affiches et/ou créations les plus drôles sur la Constitution et indiquez-les dans les commentaires !

 

Les Italiens font confiance au Coq

On le sait, les Italiens sont très créatifs. Mais la dernière campagne (à gauche, l'affiche) lancée par les Démocrates de Gauche à Rome montre aussi qu'ils sont très confiants : ils pensent qu'il suffit d' "envoyer un e-mail à un ami français" en l'invitant à voter OUI.... pour qu'il le fasse. Mais attention, cher Romains : plus on dit aux Français ce qu'ils doivent voter, plus ils voteront dans le sens inverse ! C'est d'ailleurs la leçon à tirer du meeting organisé hier à Paris par le PS (voir Le Monde). Au menu : les leaders d'une vingtaine de partis socialistes européens pour promouvoir le OUI à la Constitution. Mais les apôtres du "NON de gauche" ne veulent pas entendre que TOUS les partis socialistes modérés en Europe sont pour le OUI : ils pensent que tout le monde se trompe, of course... sauf eux ! D'ailleurs, c'est bien la France - pas les autres - le pays des Lumières !
(Affiche: Fabio Nicolucci, DS Rome)

mardi, mai 17, 2005

 

Toni Negri ou l’anti-capital… pour le oui

« La Constitution est un moyen de combattre l’Empire, cette nouvelle société capitaliste mondialisée. L’Europe a la possibilité d’être un garde-fou contre la pensée unique de l’unilatéralisme économique (…). Mais l’Europe peut aussi s’ériger en contre-pouvoir contre l’unilatéralisme américain ». Non, ce n’est pas Jacques Chirac, mais Toni Negri, le théoricien de l’Empire, l’alter-mondialiste philosophe, ancien terroriste et combattant d’extrême gauche dans une interview à Libé.
Pour lui, la gauche radicale française « se trompe de rendez-vous » : il faut qu’elle ait « conscience [du] rapport de force » entre Amérique capitaliste et Europe qui peut devenir un contre-pouvoir. Bref, même si « elle n’est pas assez fédéraliste, la Constitution introduit une nouvelle étape vers plus de fédéralisme ». Et elle aide « cette merde d’Etat-nation » à disparaître.

lundi, mai 16, 2005

 

Constitution et Holocauste : quel rapport ?

Une polémique enflamme l’Europe (mais pas la France). La Commissaire européenne à la Communication Margot Wallström aurait indirectement accusé les adversaires de l’intégration européenne de vouloir provoquer un retour à l’Europe de la haine et des nationalismes.
Dans son discours, prononcé le 8 mai à Terezin (un ancien camp de concentration en République Tchèque), la Commissaire (citée par le Financial Times) aurait dit : « Aujourd’hui encore il y a ceux qui veulent détruire l’idée supranationale. Ils veulent que l’Union européenne revienne à une méthode purement intergouvernementale. Je dis que ces gens devraient venir à Terezin pour voir où mène cette voie ».
Sans qu’aucune référence à la Constitution soit faite, beaucoup ont crié au scandale. Pour l’eurodéputé britannique conservateur, Timothy Kirkhope, Wallström veut « faire peur aux gens qui sont contre plus d’intégration comme le propose la Constitution européenne ». Que les partisans du non se sentent particulièrement visés par des discours sensés sur l’importance de l’Europe politique ?

jeudi, mai 12, 2005

 

France Culture, 19h25

On parlait de la mémoire historique de l'Europe... Eh bien, ce soir je passerai directement de la blogosphère à la radiosphère pour participer à l'émission de Brice Couturier et Jacqueline Hénard (à gauche) Cause Commune sur France Culture (fréquences). Le sujet de la semaine ? L'héritage de la mémoire en Europe, 60 ans après l'horreur de la Guerre et des camps nazis. Rendez-vous de 19h25 à 20h30 pour cette émission hébdomadaire qui représente une rarité dans le panorama médiatique français.

mercredi, mai 11, 2005

 

Le "model" français ne works pas

On sent déjà l'accent "so british" et "so sympas" dans les paroles de Jon Henley, correspondant de The Guardian à Paris. Mais la brève interview qu'il a donné à Europe Plus Net (et qui m'a été signalée par un autre blogger Italien) n'a rien de complaisant avec ses hôtes français :

« Certains parlent avec arrogance des services publics, d’une protection sociale exemplaire et d’un modèle français à préserver ou protéger. Mais sur le plan économique, ce modèle est le moins pertinent de toute l’Europe : 10% de chômage depuis une décennie avec un faible taux de croissance. Comment faire valoir que le modèle européen devrait être le modèle français ? La classe politique française paie dix ans de contrevérités sur l’Europe et sur l’économie. On doit choisir entre le plein emploi ou un système de protection sociale généreux, on ne peut avoir les deux. Les Scandinaves ont su réduire le chômage en repensant leur système social et l’Allemagne a pris le risque de réformes impopulaires. »

Que la meilleure solution soit, après tout, la Troisième Voie d'un certain Tony Blair (à gauche) qui vient d'obtenir un troisième mandat historique en Angleterre ?

mardi, mai 10, 2005

 

Le « non » qui gagne ? Celui de Le Pen

Les Français ont peut-être un peu trop la fine bouche, mais ils ne sont pas dupes. Selon un dernier sondage IFOP, si le « non » l’emporte, 46 % des sondés pensent que le gagnant serait le chef du Front National, Jean-Marie Le Pen. Quoi ? Et le « non » de gauche ? Le « non » pour une Europe « alter », bo-bo, écolo, anti-OGM, anti-Iraq, anti-libéral (bref, anti-tout) : qu’en est-il de ce « non » ? Ne vous inquiétez pas, selon le même sondage, Fabius serait le deuxième gagnant, pour 45% des sondés. Maigre consolation, celle d’être derrière Le Pen ! Mais la vrai nouvelle est pour les journalistes français : ce blog les invite à sortir de leur(s) arrondissement(s) préférés aux rives de la Seine (ou le « non » de (rive)gauche est, certes, majoritaire), et d’aller découvrir la France qui vote « non ». La surprise sera générale : il s’agit d’une France d’en bas fermée au monde, nationaliste, qui a peur. Et qui vote, toujours et peut-être plus qu’en 2002, Jean-Marie Le Pen !

samedi, mai 07, 2005

 

60 ans après : la mémoire ne suffit plus

Maisons en feu, enfants en agonie, jeunes hommes partis et plus jamais revenus ; économies à genous, nationalismes enflammés, haine infame… 60 ans sont passés de la fin de la Guerre (photo). Mais la conscience d’avoir créé une paix durable – grâce notamment à la construction européenne et au Marché unique (« quelle chose horrible l’économie ! » diraient certains) – reste peu diffusée.
Surtout, ce sont souvent les Américains – eux qui ont contribué comme personne à relancer nos économies dans l’après-guerre – qui nous rappellent l’importance du chemin parcouru. Dernier exemple en date, le très instructif article de l’International Herald Tribune : « Alors que la mémoire se ternit, la paix, pas la guerre, menace l’unité de l’UE ». Conclusion de l’auteur : il faut tout faire pour ne pas perdre la mémoire du drame que fut la guerre.
Certes !, dirions-nous, mais encore faut-il que les Européens commencent à envisager des nouveaux objectifs pour l’Union. Le feu de la mémoire, un jour, s’éteindra. Il faut que l’Europe se fixe des nouveaux buts : la démocratisation de ses institutions et la création d’une paix durable à ses frontières ! Qui a peur du fédéralisme ?

vendredi, mai 06, 2005

 

ATTAC et FN, même discours?

Comment ATTAC, l'organisation la plus trendy, la plus "à gauche" peut être comparée à l'épouvantail Jean-Marie Le Pen, leader du FN ? En France, pendant cette campagne référendaire, tout est possible ! Il suffit de voir comment Le Pen et le Président d'ATTAC, Jacques Nikonoff nient, chacun à sa manière, le rôle de l'Union européenne (et donc du libre-échange) pour la construction de la paix en Europe:

"L’Europe n’est pour rien dans la paix ! (...) la paix a été obtenue par l’espèce d’équilibre que donnait la terreur des deux grands, l’URSS et les Etats-Unis". Jean-Marie Le Pen, France 2, 26 avril (à gauche, le leader du FN à Prague).

"Ce n'est pas l'Union européenne qui a produit la paix. C'est la paix qui a permis à l'Union européenne d'être créée". Jacques Nikonoff, lors du débat organisé par café babel le 29 avril.

 

Libéralisme : source de tous les maux français

La France est désormais devenu le pays de la pensée unique. L’une des interventions les plus marquantes (pour un étranger, pas pour un français) a été celle de Jacques Chirac sur TF1 le 14 avril. Pour le Présidentissimo, la Constitution est le moyen de lutter contre « la mondialisation portée par un courant ultralibéral ».
Mais comment peut-on diaboliser avec autant de facilité une idée – le libre-échange – qui représente aux yeux du reste de l’Europe une réalité certes à réformer, mais somme toute fondamentale pour notre même histoire ?
Dans les autres pays européens, tout le monde sait que, sans le libre-échange, la paix en Europe aurait été (et serait) impossible. Historiquement, ce n’est que lorsque les Européens ont décidé d’ouvrir leurs frontières aux marchandises des autres, que la paix a pu s’instaurer. C’est quand les Européens ont pu enfin avoir les mêmes intérêts à échanger, qu’un conflit est devenu impossible.
Mais il semble que cette réalité (banale) ne soit pas partagée en France, où le mot « libéral » est et reste une injure. Que le pauvre Massimo D’Alema, ancien premier ministre italien des Démocrates de gauche - qui se définit libéral -, le sache : à Paris on ne vous aime pas !

mercredi, mai 04, 2005

 

Textile chinois, où était Fabius?

Renato Ruggiero n’est pas n’importe qui. Ancien numéro un de l’Organisation mondiale du commerce (OMC en France, WTO ailleurs) il sait bien d’où sort le dernier épouvantail qui, après la directive Bolkestein, est en train de monopoliser les craintes des Français : l’industrie textile chinoise. Qui serait en train de tuer les pauvres textiles européens.
Eh bien, pour Ruggiero qui répondait hier aux questions du Corriere della Sera, « l’Europe se réveille un peu tard ». La levée des barrières douanières a été en effet décidé en 1995, en laissant ainsi dix ans aux gouvernements du Vieux Continent pour s’adapter. « Mais – poursuit Ruggiero – jusque là rien n’a été fait. Il n’y a pas eu, dans nos pays, une nécessaire adaptation du secteur à ces nouveaux défis ».
Le même jour où Ruggiero prenait la parole dans la sphère médiatique italienne pour expliquer que le scandale du textile chinois ne sort pas de nulle part, Laurent Fabius (photo), membre éminent de la francosphère, essayait ainsi de justifier son « non » à la Constitution européenne : « l’Europe n'a pas d'institution en matière économique et sociale qui permette une harmonisation. Ce que nous vivons actuellement, s'agissant du textile, avec la Chine, va arriver bientôt avec le meuble et l'automobile ».
D’où la question : où était Fabius quand, Ministre des Finances jusqu’en 2002, le gouvernement français aurait pu faire quelque chose pour adapter son secteur textile à l’échéance de 2005 qui était déjà, comme le rappelle Ruggiero, connue par les capitales ?

mardi, mai 03, 2005

 

Vu d'ailleurs

Le referendum du 29 mai sur la Constitution? Un enjeu français! Ce sont beaucoup les voix qui s'élèvent, en ces temps de campagne bleu-blanc-rouge, pour débattre, prendre position et animer la polémique. Tant mieux ! Mais encore faut-il replacer le débat sur la Constitution dans son juste contexte: l'Europe, justement. Et alors place à la perspective européenne, ce prisme que, depuis 4 ans, le magazine café babel a su construire grâce à ses 20 rédactions. Qui ne manqueront pas de participer à ce blog. Pour apporter une vision différente, loin du cadre franco-français, capable de dénationaliser le débat. Et permettre aussi à ce pays que tous les Européens aiment et détestent à la fois de prendre le référéndum à prétexte pour s'ouvrir un tout petit peu plus. Le 29 mai et après.

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